C'est la dernière polémique récente, dans le domaine sportif. La ministre de la jeunesse et des sports a précisé, qu'elle n'avait jamais demandé la tête de Laurent Blanc, sélectionneur de l'Equipe de France de football, ancien champion du monde en 1998 (bien qu'expulsé du terrain)… Elle s'est même finalement rangée à ses côtés. Le sélectionneur de l'équipe de France, qui avait suscité la controverse en prenant part à cette discussion, dans l'affaire des quots de bi-nationaux et des critères de sélection. On en était venu, à parler même de la démission de Laurent Blanc. Des enquêtes ont été lancées au ministère de la jeunesse et des sports. L'affaire était devenue grave et les soupçons lourds.
Comme l'a souligné ironiquement M. Zemmour : “Peu avant sa mort, le grand intellectuel Jean Baudriat, disait en plaisantant, que SOS Baleine voulait sauver les baleines, comme SOS Racisme voulait sauver les racistes“. Ce dernier scandale autour de ces révélations et l'émoi inconsidéré, qu'il suscite, jusque chez la ministre des sports, “prouve que suivant l'intuition rigolarde de Baudriard, l'anti-racisme est devenu la quête perpétuelle et obsessionnelle du racisme même et surtout s'il est imaginaire“. Laurent Blanc est difficilement soupçonnable de xénophobie, de populisme, ou que sais-je, lui qui a évolué dans l'équipe de France de 1998, et qui a désigné Samir Nasri, capitaine de l'équipe de France. Mais la réalité n'intéresse nos maîtres censeurs, sans aller jamais au fond du problème. D'autant plus, que cette réalité a le mérite d'être simple. Laurent Blanc et les techniciens de la F.F.F. s'inquiètent de la proportion de jeunes formés dans les clubs français, mais qui choisissent finalement de jouer dans leurs équipes nationales d'origine. Il s'agit après tout de l'argent public. Un quota de 30 % de joueurs bi-nationaux a donc été décidé, sur des critères nationaux d'abord.
L'autre idée est aussi de revenir sur le choix opéré dans les années 90. Qui était de privilégier dans les centres de formation, les atouts physiques des joueurs au détriment de leurs qualités techniques. La France aspire à redevenir le paradis des petits dribleurs, de Kopa à Girès, en passant par Platini. A l'image d'un milieu de terrain de talent, comme Ludovic Giuly, évoluant au Paris-Saint-Germain, surnommé par sa petite taille (1,64 m) et sa vivacité “le lutin magique“. Mais régulièrement écarté de la sélection nationale, avec regret, en raison de son gabarit (641 buts inscrits en club et 17 buts en équipe de France). Mais comme dit Laurent Blanc, avec une sincérité désarmante, ce qu'il y a actuellement de plus grand et costaud, ce sont les noirs, les Antillais. “Un stéréotype n'est pas forcément faux, même s'il est simplificateur“. Il s'agit bien-sûr d'un vecteur d'ascension sociale. Mais les noirs - dans le sport à haut niveau - sont souvent par prédestination, plus développés musculairement et courent généralement plus vite. Ce n'est pas un hasard, si tous les Dieux du stade sont noirs, et si huit joueurs de l'équipe de France sur onze, sur le terrain, sont de couleur.
Certes les quotas sont contraires à l'esprit universaliste de la République française. Mais il y a quota et quota. Tout dépend de la manière dont ils sont appliqués. “Il y a les interdits et les autorisés. Les diabolisés et les plébiscités“, dixit Eric Zemmour. Ce qui est aussi un élément. Quand après tout, Martine Aubry exige 20 % de socialistes issus de la diversité, à la direction du parti. Quand Sciences-po réserve des places à des jeunes venus de banlieue, qui entrent sans concours. Quand la présidente du MEDEF, Laurence Parisot fait campagne pour les quotas de femmes, dans les conseils d'administration. “Des quotas, quel vilain nom, non de la discrimination positive“. Qu'en ces termes galants, cela est dit. Terme de discrimination positive qui est d'ailleurs sémantiquement intéressant. En Amérique, on a parlé d'”Affirmative action“, à partir la fin de la ségrégation raciale, dans les Etats du sud. Mais en France, dans une transposition sémantique, c'est l'expression ”discrimination positive” qui est utilisée, contenant elle-même ironiquement, le terme de “discrimination“. La discrimination qui est le fait de discriminer. Auquel l'on a accolé, l'adjectif “positive“, conjugué au féminin, à supposer, qu'il y en ait une “négative“. Mais il en va de même, pour les quotas dans le football.
J. D.