La question du textile est centrale à la fois dans l’ameublement (rideaux, canapés, lits, tapis, sols, tours de lit bébé, coussins, etc.) et dans la mode. Les raccourcis et les clichés (bambou = vert, coton = nature, polyester = pétrole) poussent à la vitesse grand v et peu de choses sont dites sur la réalité de la pollution en amont et en aval…
En aval, beaucoup de choses à dire sur l’industrie textile qui représente 5% du volume des exportations mondiales ! En terme de pollutions, on vous invite à faire un tour sur cette excellente page web qui recense plusieurs études édifiantes provenant de sources divers (Nations Unies, Ministère français de l’agriculture, articles de l’Express…) sur les ravages de l’utilisation massive de produits toxiques dans cette industrie et aux conséquences phyto-sanitaires que cela engendre.
Et en amont, pour situer le contexte, selon l’ADEME, chaque français jette 17 kg de textile par an dont 9 kilos de vêtements. Seulement 16% (!) de ces textiles est collecté pour être réutilisé (en France ou à l’étranger), devenir des chiffons ou être détruit…
Quant au critère de pollution dans la maison, qui nous occupe beaucoup dans ce blog, il est prépondérant de connaître quelques faits. Repartons des clichés qu’on évoquait au début:
Bambou = vert ? Humm… Pas vraiment… Si l’on ne manque pas de louer les vertus de cette plante qui produit plus d’oxygène qu’un arbre, pousse vite, sans engrais, avec peu d’eau, il faut se méfier de sa transformation en textile. Deux sortes existent en fait: la fibre de bambou et la viscose de bambou. Pour obtenir cette dernière, on mélange à des copeaux de bambou, de la soude, du sulfure de carbone ou de l’acétone… Voici une explication de la vertu naturellement (sic) antibactérienne de cette fibre… Fibre parfaitement artificielle donc. Quant à la fibre de bambou, elle est en fait peu utilisée car plus rêche et plus cassante. Lisez en plus dans cet excellent article de Libération.
Coton= nature ? Humm… Pas vraiment non plus… La certification d’un coton biologique comme dans le cas d’Ecocert peut garantir la production biologique du coton, donc un impact réduit sur l’environnement lors de la production mais pas le mélange du dit coton avec des encres polluantes, des colorants chimiques nocifs, des assouplissants de fibres, des produits ignifuges, etc. La SEULE référence vraiment valable est donc la norme OEKO-TEX, qui garantit l’absence de produits nocifs en contact avec la peau. C’est une norme reconnue, harmonisée dans le monde entier, créée par des instituts de recherche textile allemands et autrichiens. Cette norme exigeante et fiable devrait être LE guide d’achat pour les textiles enfant (Cf. l’exemplaire marque Babybjörn par exemple) mais aussi pour tout autre textile (comme par exemple les canapés, cf. article sur ce sujet et exemple de canapé abordable Oeko-tex). Encore peu répandue en France, elle semble bien moins identifiée par les consommateurs que la norme « coton bio »… Le chemin à parcourir est encore long….
Polyester = pétrole ? La réponse est non. Il existe des polyesters à base d’amidon. Par ailleurs, il vaut bien mieux un tissu 100% polyester qu’une fibre mélangée car l’incorporation de deux types nécessite l’ajout de produits chimiques particulièrement peu sympathiques pour l’environnement et qui empêchent toute biodégradabilité ou tout recyclage ultérieur. Une fibre étonnement technique, souvent assimilée à tort au polyester, le lyocell satisfait parfaitement aux impératifs de l’industrie textile moderne.En tant que fibre 100% cellulosique, cette fibre biodégradable est fabriquée dans le respect de l’environnement. En effet, la production de lyocell s’effectue en circuit quasi-fermé et utilise un solvant organique recyclable. Pour continuer la liste des produits innovants, on pourrait aussi citer le Lenpur, à base de pulpes de pin, le seacell, à base d’algues, le crabyon, à base de chitine extraite des carapaces de crustacés, etc.
Il existe donc des alternatives technologiques et pour autant respectueuses de l’environnement au binôme bambou/coton !
Comme dans de nombreux cas, on vous recommande cependant de ne pas négliger le textile de récupération, les détournements, le fait-main à base de tissus non-traités,… Bref, le bon-sens eco-design appliqué aux textiles.
On finit cet article austère mais néanmoins important par une jolie pépite design: un fabricant australien qui fabrique des tissus à base de coton bio, de teintures à base d’eau, etc. C’est gai, très 50’s, original…
Bref, ça nous plaît et ça s’appelle Cloth Fabric !