Conte soufi : Vingt enfants

Publié le 08 mai 2011 par Unpeudetao

   Il y avait une femme qui, tous les ans, donnait naissance à un enfant. Mais, à chaque fois, le bébé mourait au bout de six mois, quand ce n'était
pas après deux ou trois. Comme son dernier-né venait, lui aussi, de mourir, elle adressa cette prière à Dieu :
   “O mon Dieu ! Cet enfant est un fardeau pour moi pendant neuf mois et je le perds au bout de trois mois. Ainsi, les faveurs que tu m'offres se transforment
en tourments !”
   La pauvre femme alla aussi exprimer son chagrin devant des hommes de Dieu :
   “Mes vingt enfants sont tous morts les uns après les autres et, à chaque fois, le feu de la séparation a brûlé mon coeur.”
   Or, une nuit, elle fit un rêve : elle vit le paradis, jardin éternel et parfait. Je dis un jardin, faute d'autre mot. Bien sûr, le paradis est indescriptible
mais un jardin en est une image.
   Bref, cette femme rêvait du paradis. Et là, elle vit un palais sur l'entrée duquel son nom était gravé. Elle en fut remplie de joie et entendit une
voix qui lui disait :
   “Ce palais est offert à qui est capable de sacrifier son âme à Dieu. Pour mériter une telle faveur, il faut servir longtemps. Tu commences à prendre
de l'âge mais jamais tu ne t'es réfugiée en Dieu et c'est pour cela que tu as subi toutes ces épreuves.”
   La femme dit alors :
   “O Seigneur ! Je souhaite encore de nombreuses années comme celles que j'ai vécues ! Que je sois noyée dans le sang !”
   Puis elle déambula dans ce jardin et, soudain, elle y rencontra ses propres enfants. Alors, elle s'écria :
   “O mon Dieu ! Mes enfants étaient cachés à mes yeux mais pas aux tiens. Celui qui ne peut voir l'Inconnu ne mérite pas d'être appelé Homme !”
   Toi, tu ne souhaites pas que ton nez saigne. Pourtant il saigne et le sang qui coule te procure la santé. Le fruit a une peau épaisse mais sa chair
est savoureuse. Sache que le corps est ta peau. Ton âme, qui est renfermée, vaut bien davantage. L'intérieur de l'homme est ce qu'il y a de plus beau.
Aussi, recherche cette beauté !

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