Vers l'autonomie: la marche

Publié le 25 janvier 2008 par Vanessav
le petit d’homme marche…non, non, pas d’un meuble à l’autre, pas après incitation….il marche tout seul, se présente à l’entrée du couloir et marche dans le noir entre sa chambre et le salon…tout du long, comme un prince. Mais oui, petit seigneur de nos cœurs de parents !
C’est une étape cruciale, bien sûr, une étape vers plus d’autonomie. C’est aussi ce que nous, parents, attendons avec impatience. Mais pourquoi donc ? Pourquoi autant d’impatience dans le développement moteur de nos enfants ?
Holly golightly m’avait interpellée avec ce discours de Gilbert Keith CHESTERTON à la gloire des bébés : cette gravité du regard d’un bébé dû à l’étonnement face au monde, ce rapport à leur personne surnaturelle par leurs découvertes de chaque instant, leur appréhension toujours neuve du monde. En fait, il est bien question de cela. D’un étonnement ambigüe de tous les instants. Le fait d’avoir été « bloquée » au foyer m’a permis de profiter de cette période où nombre d’entre nous prenons les bébés pour des petits non-êtres. C’est vrai que leur fonctionnement physiologique prend énormément de temps. Il dort, mange, défèque, pisse et quand nous pensons à une interaction, que nous rêvons devant ce premier sourire, nous nous rendons compte, avec un peu de désappointement la première fois, que le bambin sourit aux anges (c’est-à dire un état de béatitude au monde et non un sourire adressé à quelqu’un !).
Alors avons-nous profité de ce petit monsieur dans sa prime-prime enfance (avant 1 an !) ? Il est sûr que j’ai eu la chance de voir certaines étapes mieux que le papa. Les premiers mots ne sont pas forcément prononcés le week-end ou le soir. Les applications manuelles sont aussi des jeux quotidiens.
En pourtant, j’avais envie de le voir bouger ce trésor. Il était par terre souvent, sur un tapis spécial bébé, doux et moelleux dans le salon, pas de parc et très peu de lit. Mais je m’impatientais de le voir se tourner, de couché sur le dos à plat ventre. J’ai pris énormément de plaisir à le voir se relever, se mettre debout, trouver son équilibre tout seul. L’haptonomie, après la naissance, permet de nous réinscrire dans une approche de l’autonomie de l’enfant, lui proposer dès le début de se tenir droit tout seul, de retrouver son centre de gravité, son centre affectif… alors oui, nous étions un peu sensibilisés. Et pourtant…


J’aurais aimé être sensibilisée aux théories d’Emmi PIKLER. Pour elle, le bébé n’a pas besoin de l’intervention d’un adulte pour changer ou garder la position. Le développement vers la position assise, debout ou de marche doit être le résultat d’une démarche active de l’enfant et il s’agit bien là d’un développement cohérent, pas plus lent ou moins assuré mais, peut-être justement, source de confiance en lui. Il faudrait partir du concept de « soin global » soit une prise en compte de tous les aspects de l’enfant (ergonomie de son terrain de jeu, des jouets, alimentation, repos, rythme journalier, thérapie éventuelle…) et concevoir dans le système éducatif une part importante à l’organisation de vie entre parents et enfants et à l’environnement proposé. Ainsi les parents pourraient proposer des activités libres à leur bébé avec toute la sécurité et la meilleure adaptation aux demandes du développement de l’enfant : un tapis moelleux serait remplacé par un tapis de sol (antichoc mais permettant une meilleure oscillation ou amplitude de mouvements du corps), des stimulations à bonne distance des mains potelées mais pas forcément de provocation parentale. Ainsi absorbés par leurs activités, sereins et en sécurité, les petits bouts de chou laissent leurs parents, sans sentiment de culpabilité, reprendre le cours de leurs occupations.
Pas de regret pourtant, car même si nous n’avons pas forcément adapté tout l’environnement, notre petit baroudeur a, de lui-même, fait ses apprentissages. Nous ne l’avons provoqué que dans l’oscillation des hanches pour apprendre à se retourner: comme un élan de toute l'énergie vitale, en partant de sa base. La station debout et la marche n’ont été que des aboutissements de ses escapades sur les poufs, les enjambements des obstacles, les slaloms, de son envie de voir au-dessus, d’attraper les objets convoités, de récupérer seul ces jouets…Seul petit pincement, n’avoir pas vu, assez, la magie de toutes ses découvertes, de tous ses étonnements, de toutes ces ascensions vertigineuses des monts de son nouveau monde, le notre.
N’hésitez pas à aller sur le site de l’Association Pikler-Loczy de France .