Max | Sant Miquel de Cuixà

Publié le 07 mai 2011 par Aragon

Le paysage est odeur. Il y a des lys sauvages, des aubépines, des ronces et des orties. Mille et mille herbes aux parfums étranges, des plantes aromatiques à profusion, on passe du poivré au sucré et c'est vrai qu'en ce moment avec les frondaisons de fleurs d'acacias le sucré domine mais il y a mille et mille senteurs.

L'intérieur ne m'a pas intéressé, c'est hors les murs que je voulais voir. Je n'ai pas été déçu, j'ai vu. J'ai marché longtemps autour de l'antique abbaye et j'ai trouvé un lieu étrange et solitaire. Il n'y a rien, une clairière et une pierre en son milieu.  Je m'y suis déshabillé comme pour me mettre au lit, il n'y avait personne, sinon mille insectes et mille oiseaux qui s'ajoutaient aux mille odeurs exquises. Juste ma taille. La pierre a semblé m'absorber. Elle n'était nullement rèche, rude, ni hostile. Curieux, elle faisait partie de la famille des pierres douces et vivantes. Accueillante, invitante. C'était pourtant de la pierre taillée à la serpe, taillée à l'arrache, de la pierre millénaire. Combien de temps ai-je dormi ?

Quand je me suis réveillé mes bras semblaient flotter, un lézard batifolait dans mes chaussettes. Des fourmis avaient fait un pont vivant sur une jambe de mon jean.  J'ai prié tout ce petit monde de déguerpir. J'ai repris mes habits et mon sac.  J'avais faim et envie de fumer. Je m'en suis roulé une, ai trouvé un quignon dans ma poche. Il y a toujours des pierres étranges sur les chemins.