Le récent scandale de la Fédération Française de Football est révélateur d'un état d'esprit qui jour après jour, gangrène la société française.
Depuis des années, une petite musique pénètre les esprits : les immigrés, les étrangers, sont la base de tous les maux de la France.
Cette pénétration a connu ces dernières années une accélération, sous l'impulsion de la politique menée par le gouvernement et la majorité UMP-Nouveau Centre de Nicolas Sarkozy.
Une politique qui n'a plus peur de désigner aux Français des boucs émissaires et de baser ses discours sur des réalités historiques douteuses.
Et cette politique, à la limite du nationalisme, a ouvert les vannes de ce que j'appelle, le racisme au quotidien.
Notre pays est-il raciste ?
Si je me base sur la définition du racisme comme étant une croyance sur l'existence de différents groupes raciaux humains et sur la supériorité d'un ou de plusieurs de ces groupes sur les autres, je peux répondre que la nation française n'est plus raciste.
Elle ne l'est plus, depuis la fin de la colonisation. Période durant laquelle, la France, comme de nombreuses nations européennes, basait l'extension de son empire colonial sur sa supériorité de nation “blanche” civilisatrice.
Aujourd'hui, la France proclame au-travers de sa Constitution, par son préambule qui reprend la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 et son article 1, qu'elle ne fait aucune distinction de race devant la loi et que les Hommes naissent égaux entre eux.
Une proclamation qui institutionnalise la République universelle, chère aux Radicaux.
La France n'est pas raciste, mais les Français ?
Je ne peux pas considérer les Français comme un groupe homogène. Et, il ne serait pas juste de ma part de considérer le clivage Gauche/Droite comme une frontière où le racisme serait présent d'un unique côté.
Le racisme est, comme la connerie, assez bien diffusé sur l'ensemble de la population. Bien souvent, ils vont de paire.
Et peut-être même, mieux qu'auparavant. Du moins, avec une expression publique plus libre.
Dans les années 80, au début de la percée électorale du Front National, il était impossible pour ceux qui avaient voté FN de le proclamer ouvertement. Ils auraient été aussitôt traités de facho, à juste titre. Bernard Tapie, à l'époque, les appelaient des salauds. Là aussi, ce n'était pas faux.
Les années passant, et le score du FN augmentant, les paroles ont commencé à se délier.
La campagne de 2007, menée par le candidat de l'UMP, reprenant des thèmes, que jusqu'ici, seul le FN osait diffuser, fut l'occasion de planter ces premières banderilles de ce racisme au quotidien, un racisme de café du commerce.
Et comme dit, plus haut, la politique et les discours depuis 2007, ont distillé dans des esprits fermés ou faibles, une petite rengaine. La douce mélodie de la France éternelle. D'une nation issue de la terre, à l'héritage chrétien, dont les valeurs seraient menacées par une invasion d'étrangers, pas très catholiques et délinquants. Le tout saupoudré de débats sur l'identité nationale ou sur la Laïcité.
Entendez par débat sur Laïcité, débat sur l'islam.
Et cette sérénade, qui a été servie durant ces 4 dernières années, est reprise par un nombre croissant de nos concitoyens.
Le cadre familial, où l'on discute souvent de politique, le bar PMU, où les langues se délient souvent, ne sont plus les lieux exclusifs où l'on se laissaient aller à quelques dérapages verbaux.
Non ! Aujourd'hui, on exprime, pas fièrement, mais sans crainte, son petit racisme, tranquille, quotidien. Que ce soit au bureau, dans les transports, à la FFF ou peut-être bien dans les lieux de pouvoir.
Ce qui ne fait pas forcément de ceux qui l'exprime des fachos en puissance, mais plus des gens désorientés auxquels, il convient de rappeler quelques principes et réalités.
Ainsi, la réflexion de la FFF se basait sur le principe que les joueurs noirs sont physiques et les blancs techniques et qu'il fallait privilégier les uns par rapport aux autres.
J'y vois là deux incompatibilités avec l'esprit même de l'universalisme du football et la mission de la FFF.
La première, il existe des petits joueurs noirs très techniques et des grands joueurs blancs physiques. Donc, la réflexion se basait sur des préjugés raciaux qui ne reflètent pas la vérité.
La seconde est encore plus simple. La discrimination raciale est punie par la loi.
Point barre.
Mais voilà, qu'au sein, même d'une organisation, qui a reçu une délégation du ministère des sports, on se permet d'exprimer des opinions à caractère raciales et discriminatoires.
La petite musique s'est bien installée dans les esprits de chacun.
Comme d'en beaucoup d'endroit.
Et pour que des petits ruisseaux ne fassent pas de grandes rivières, il appartient aux Républicains de rappeler que chaque homme, chaque femme, est égal à tout autre homme, à toute autre femme.
Et ainsi, de faire disparaitre cette peste nauséabonde qui gangrène la société française.