CHAPLINESQUE
Humblement, nous nous adaptons
En nous contentant de consolations hasardeuses
comme le vent en dépose
dans des poches profondes et trop vastes.
Car nous aimons encore le monde, nous qui trouvons
Un châton affamé sur le seuil, et qui savons
Où l'abriter des fureurs de la rue,
dans un nid tiède de plumes.
Nous esquiverons, et jusqu'au dernier sourire
Nous éviterons le verdict de cet inévitable pouce
qui lentement tourne vers nous sa face plissée,
affrontant ce coup d'oeil morne avec quelle innocence
et quelle surprise!
Et pourtant ces subtiles chutes ne sont pas plus des mensonges
que les pirouettes d'une badine docile,
Nos funérailles ne sont pas, au fond, un accomplissement.
Nous pouvons vous fuir et tout fuir, mais pas le coeur:
Qu'y pouvons-nous si le coeur reste vivant?
Le jeu impose des minauderies, mais nous avons vu
la lune dans les ruelles désertes faire pleuvoir
une grêle de rires sur une poubelle vide,
et derrière tous ces bruits de gaieté et de poursuite
nous avons entendu un chat miauler dans la solitude.
Hart Crane (1899/1932)
en version originale...