"Bloody Harlan" (Justified - 2.13)

Publié le 07 mai 2011 par Shoone

Justified: 2.13 Bloody Harlan (Season Finale)



Exemplaire. Il n'y a pas d'autre mot pour qualifier cette saison 2 de Justified. Elle a été d'une telle maîtrise, d'une telle profondeur, d'une telle puissance, que c'est à peine si j'ai vu le temps passer. Et voilà déjà mai qui arrive. Et chez les téléphages, qui dit mai, dit season finales. Justified est donc celle qui a le grand honneur d'en ouvrir la bal. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on ne pouvait rêver meilleure ouverture, avec cette conclusion remarquable à une saison de folie. Celle-ci, rappelez-vous, avait commencé avec le meurtre du père de Loretta. C'était donc une excellente façon de boucler la boucle avec la revanche de la jeune fille. Cela a aussi offert à la brillante petite actrice, Kaitlyn Dever, l'occasion de prouver qu'elle a tout d'une grande. C'est donc une magnifique prestation qu'elle a délivrée, notamment durant sa route jusquà Harlan face à James LeGros, ce qui était au passage une sorte de clin d'oeil à Elmore Leonard l'écrivain à l'origine de la série puisque LeGros avait été le premier à interpréter Raylan Givens lors d'un premier téléfilm issu de l'oeuvre de Leonard. La jeune actrice n'a sinon pas démérité non plus face à Mags lors de leur confrontation finale. L'arrivée de Raylan pour lui venir en aide a même fait de la scène un vrai climax scénaristique avec des acteurs à leur appogée. Et c'est là qu'on a pu se rendre compte de l'intelligence de la série d'avoir rapidement créé une relation Raylan/Loretta qui a donc forcé le marshal à garder un lien avec les affaires Bennett et de devoir inévitablement s'y impliquer pour sauver la fillette. Ou dans le cas présent, l'empêcher de commettre l'irréparable. Et il s'en est fallu de peu, ce qui n'en a rendu que plus complexe et bouleversant le personnage de Loretta. Dans un certain sens, on pourrait même dire que la fillette a un peu volé la vedette aux Bennett en tant que personnage clé de la saison.

Les Bennett ont ainsi eu beau essayer de se remettre en selle, ils n'ont pas échappé à la tragique déchéance que le destin leur réservait. Une déchéance finement orchestrée dont Boyd a été l'élément décisif accélérant le processus. La spectaculaire guerre qu'ils se sont livré a en effet été le premier faux-pas des Bennett dans ce final. Les troupes du terrible clan ont par conséquent été décimées par les équipes de Boyd, alors qu'au même moment ce dernier tenait un réunion au sommet avec Mags pour soi-disant mettre les choses au clair. Il va sans dire que Goggins comme Martindale étaient impeccables dans cette intense confrontation qui avait surtout l'air d'une passionnante partie d'échecs. Mais si c'est Boyd qui a remporté celle-ci, il y a néanmoins eu un certain prix à payer pour cette victoire, à savoir une Ava grièvement blessée par l'attaque des Bennett. L'affront a alors donné toute son utilité à la belle blonde et à sa relation  avec son cher bad-boy dans cet épisode puisqu'il a surtout renforcé la rage de Boyd envers les Bennets. Et d'une certaine façon, s'en prendre à la jeune femme a été la deuxième erreur qui a causé leur perte.

Dans la chute du sinistre clan, Raylan n'a pas manqué non plus de jouer un rôle important. Cependant, il a bien failli y laisser sa peau lors de son face-à-face avec ce bon vieux Dickie qui comptait lui réserver une mort bien humiliante en guise de vengeance. Résultat, une scène entre tension et humour où l'on a pu découvrir un Raylan particulièrement vulnérable, dans une position quelque peu ridicule face à un Dickie bien narquois. Une excellente façon de rappeler qu'aussi important que soit le personnage de Raylan, il n'en demeure pas moins humain et faillible. Et comme tous les humains, il a parfois besoin d'aide. Dans une telle situation, c'est celle de son meilleur ennemi, motivée par l'offense qui lui a été faite en blessant Ava, qui a été précieuse au marshal. Un habile rebondissement d'une belle ironie dont seule la série est capable et qui montre bien que quoi qu'ils fassent, Boyd et Raylan sont  d'un certain façon liés et seront de toute façon toujours amenés à se retrouver. En outre, dans les excellents échanges qui en ont découlé, il faut saluer le jeu de Goggins et Olyphant, dont l'alchimie est intacte, mais aussi Jeremy Davies qui aura été jusqu'au bout un parfait sombre loser, ridicule mais touchant.

Dans le genre aide précieuse de dernière minute, Raylan peut également remercier Winona. La jeune femme pourtant assez déconnectée de l'arc Bennett a ainsi eu finalement un véritable intérêt dans l'intrigue en convaincant les marshals de venir en aide à Raylan, tout en amorçant la réconciliation avec Art. Sa participation dans l'arc Bennett a aussi permis de relancer sa relation avec Raylan en la mettant à nouveau à l'épreuve en compromettant les projets de vie paisible à Glynco et en faisant ressurgir ses inquiétudes quant au travail de Raylan. Le tout garantit une intéressante évolution de l'idylle la saison prochaine entre tout ces contre-temps, auxquels s'ajoute une dernière complication prometteuse: la grossesse de Winona.

Une fois les fils Bennett hors d'état de nuire et la vengeance de Loretta avortée, il restait une question en suspend. Qu'allait-il advenir de Mags la matriarche Bennett, à l'origine de sa propre tragédie familiale? La réponse est délivrée par une ultime confrontation avec Raylan, en tous points magistrale, sublimée par les interprétations d'Olyphant et Martindale et qui est de plus une brillante façon de clôturer le contentieux entre Givens et Bennett. La scène s'apparente pourtant presque à une sorte de calme après la tempête, tel un happy-end. Mais rapidement, on se rend compte que l'intrigue reste à conclure et qu'il subsiste une vraie tension. On est alors happé jusqu'à la dernière seconde par le dialogue entre Mags et Raylan. L'intensité étant à son comble, même la possibilité d'une dernière menace pesant sur le marshal est devenu crédible lorsque celui-ci a naïvement accepté le verre de la fameuse Apple Pie de Mags qui avait causé la perte du père de Loretta. Sauf que là encore, il s'agissait d'habilement  feinter le spectateur afin de donner plus de force au coup de théâtre final. C'est ainsi Mags qui s'est empoisonnée elle-même, une mort inattendue qui fait définitivement entrer la matriarche dans la légende, personne à part elle-même n'étant parvenu à venir à bout du personnage. Et une dernière fois, je lève mon verre, sans Apple Pie de préférence, à Margo Martindale, exceptionnelle de complexité et de charisme, formidable révélation de cette saison 2. Ah, aussi diabolique qu'ait été son personnage, je crois qu'il va cruellement me manquer. Ses derniers mots, "Put an end to my troubles. Get to see my boys again. Get to know the mystery." étaient d'une émotion et d'une intensité sans pareille, et l'idée géniale de reprendre You'll Never Leave Harlan Alive référence évidente à la première saison, en guise de chanson de tomber de rideau n'en a rendu que plus grandiose la mort de Mags. Je souhaite maintenant bien du courage aux auteurs pour trouver un successeur de sa carrure. D'ici là, Cheers to Mags!



En conclusion, à saison d'envergure, fin d'envergure. Après nous avoir ébloui pendant 12 épisodes, Justified nous quitte donc par la grande porte offrant un season finale très dense et explosif résolvant magistralement chacune des intrigues de la saison, sans fioritures et avec en prime, des acteurs qui se sont vraisemblablement dépassé. Je ne comprendrais pas si au moins un d'entre eux ne décroche pas un Emmy. En tout cas, une chose est sûr, avec cette 2e saison dont on ressort difficilement indemne, Justified s'est imposée comme une vraie série haut de gamme, capable de rivaliser avec les plus grandes. Sur tous les points, c'est un triomphe.