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L’Interprétation en Langue des Signes

Publié le 07 mai 2011 par Stéphan @interpretelsf

Comme promis, voici le deuxième ouvrage traitant du métier d’interprète en langue des signes.
Rédigé par trois interprètes LSF/Français, Alexandre Bernard, Florence Encrevé et Francis Jeggli, il s’intitule : L’Interprétation en Langue des Signes (Septembre 2007, PUF Editions).

L’Interprétation en Langue des Signes

L’objectif de ce livre est de présenter le métier d’interprète en langue des signes du point de vue théorique et pratique. Ainsi, cet ouvrage présente l’ensemble des aspects de cette profession en insistant en particulier sur ses règles déontologiques, indispensables à la relation de confiance entre l’interprète et les usagers.

Je vous propose un extrait de la préface rédigée par Christian Cuxac, linguiste à l’Université de Paris 8 a qui l’on doit, notamment, les premières études sur l’objet LSF en tant que langue (p. 10-11) :

Dans la mesure où les mécanismes cognitifs requis par une interprétation en langue des signes sont globalement les mêmes que ceux qui sont mobilisés pour interpréter une langue vocale, on aurait pu croire qu’il suffisait de prendre acte des découvertes structurales effectuées sur la langue des signes par le champ de la linguistique descriptive pour que le tour soit joué et que la formation des interprètes en langue des signes soit simplement une affaire de théorie et de techniques d’interprétation.

En réalité, ce fut loin d’être aussi facile. En effet, la LSF, seule langue minoritaire de l’Hexagone à disposer d’un corps d’interprètes – il n’y en a pas pour le breton, le corse, l’occitan… – est pratiquée par une population d’environ 100 000 personnes, ou – presque – tout le monde se connaît et connaît forcément les porte-parole communautaires que sont les interprètes en langue des signes. La situation peut alors être délicate pour celui qui, le matin, assure une interprétation auprès d’un usager sourd qu’il sera amené à rencontrer, le soir même, lors d’une fête ou d’une soirée entre amis communs.

Seul un code déontologique rigoureux permet de garantir à l’usager sourd que rien de devra transparaître des échanges qui ont eu lieu lors de la situation d’interprétation, mais, en contrepartie, l’existence du code implique qu’il fasse à son tour une confiance totale à celui qui connaît les problèmes médicaux, familiaux, financiers, voire judiciaires qu’il tient à garder secrets.
Si l’on ajoute à cela que les sourds, parce ils n’entendant pas et n’ont, de ce fait, pas de retour auditif, ni du message original de leur interlocuteur entendant, ni du message interprété, constituent la seule communauté linguistique au monde à ne pouvoir juger de la qualité effective d’une interprétation simultanée, on comprendra que les questions d’éthique professionnelle des interprètes en langue des signes sont au moins aussi importantes lors de la formation, que dans la mise en oeuvre de techniques d’interprétation.

Cet ouvrage, écrit par des interprètes professionnels, montre comment la mobilisation sociale et politique d’une minorité linguistique s’est traduite par la construction progressive d’une profession émergente. Indispensable pour les personnes impliquées au quotidien dans les relations intercommunautaires entre sourds et entendants, ce livre devrait aussi permettre de répondre aux questionnements et aux attentes de lecteurs intéressés par l’histoire d’un mouvement de reconquête citoyenne, les relations de diglossie entre langue de statut différent, comme par l’exercice d’un métier passionnant.



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