Le Pr. Ronald Cowan (photo ci-contre) explique la situation: «Il y a une tension dans les domaines de la psychiatrie et de la psychothérapie entre ceux qui pensent que l'ecstasy pourrait être un précieux outil thérapeutique qui n'est pas mis à l'essai en raison de craintes exagérées, et ceux qui sont préoccupés par les effets potentiellement nocifs de la drogue». "Nous ne sommes pas d'un côté ou de l'autre, nous essayons simplement de savoir ce qui se passe dans le cerveau et avant cette étude, il n'existait aucune preuve scientifique de changements durables dans le cerveau".
L'ecstasy ou MDMA (pour 3,4-méthylène-dioxy-méthylamphétamine) responsible de changements cérébraux chroniques: En substance, le Pr. Cowan conclut: "Si vous utilisez l'ecstasy à des fins récréatives, plus vous l'utilisez, plus vous obtiendrez de changements dans votre cerveau." Car Cowan et ses collègues ont examiné l'activation du cerveau en utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), chez des sujets qui avaient consommé de l'ecstasy (mais pas dans les deux semaines précédant l'imagerie) et chez des sujets non consommateurs d'ecstasy.
Une perte d'efficacité chronique du cerveau: L'équipe identifie une activation du cerveau augmentée dans 3 zones du cerveau associées au traitement visuel chez les usagers d'ecstasy avec exposition élevée à la drogue. Les résultats ont été conformes aux prévisions des chercheurs sur la base des résultats obtenus sur l'animal: l'usage d'ecstasy est associée à une perte de signalisation de la sérotonine, ce qui conduit à l'hyperexcitabilité (augmentation de l'activation) du cerveau. Et l'hyperexcitabilité suggère une perte d'efficacité du cerveau, explique le Pr Cowan, "car le cerveau utilise plus d'espace pour traiter une information ou exécuter une tâche."
Un changement qui persiste longtemps: Les chercheurs ont découvert que ce changement dans l'excitabilité du cerveau ne revient pas à la normale chez les sujets qui n'avaient pas consommé d'ecstasy depuis plus d'un an. "Nous pensons que ce changement dans l'excitabilité corticale peut être chronique, de long terme, et même permanent, ce qui est un vrai souci”. "La question est : Que va-t-il arriver à leur cerveau au cours des 60 prochaines années?"
L'usage récréatif de MDMA peut donc bien être associé à une augmentation durable de l'excitabilité corticale, par la perte d'entrée de sérotonine dans les régions corticales et sous corticales. Replacé dans le contexte des résultats antérieurs, cette hyperexcitabilité corticale peut même être un biomarqueur de la neurotoxicité de la MDMA.
Source: Neuropsychopharmacology (2011) 36, 1127–1141; doi:10.1038/npp.2010.244; published online 16 February 2011 “Human Ecstasy Use is Associated with Increased Cortical Excitability: An fMRI Study”