L’auteur qualifie la pièce qu’elle a écrite de « fresque prophétique » et le choix d’une bouteille de vin mousseux comme illustration est assez fidèle à l’esprit de l’œuvre : pétillante.
Stéphanie Tesson cumule des talents que je vais vous livrer dans le désordre : auteure, elle cisèle des dialogues fort savoureux, directrice d’acteurs, elle obtient de ses comédiens des performances comparables à ce que font des artistes de cirque, allant là où on ne s’y attend pas, réalisatrice, elle a su s’entourer de collaborateurs inventifs comme Marguerite Danguy des Déserts pour les accessoires, Corinne Pagé pour les costumes et Anne Caramagnol pour les maquillages.
Il faut dire –et cela ne diminue en rien ses mérites » que Stéphanie Tesson a été plongée très tôt dans la marmite du théâtre. A dix ans elle découvrait le Molière d’Ariane Mnouchkine qui a marqué plusieurs générations. Elle a aussi dû avoir des discussions passionnées et passionnantes avec son papa, critique renommé et spectateur attentif.
Le monde qu’elle nous donne à voir est effectivement en vrac et ses personnages en errance vont droit dans le mur. Un mur d'ocre rouge qui compose un décor d’une sobriété rare. Stéphanie la voulu statique pour témoigner que rien ne bouge. Mais si le monde n'évolue pas en bien on note que la vision que les deux personnages principaux ont de la vie évolue tout de même au fil de leurs pérégrinations.
Vous raconter le sujet et les dialogues serait parcellaire et réducteur. On pense à la référence du carnaval. Ce qu’il faut souligner c’est la dimension plastique de l’œuvre. Un feu d’artifices. Une démonstration de beaucoup de facettes de jeux (le dialogue, le chant, la pantomime, le masque) au service d’une large palette d’émotions, sans aucune velléité moralisatrice, analytique ou pédagogique comme le souligne Stéphanie Tesson.
La pièce s’appuie sur un duo constitué par un SDF et une star - l'exclu et l'Égérie - (photo ci-contre), tandis que défile une galerie de personnages pittoresques, ce qui implique de confier ces rôles à des comédiens rompus à l’exercice de la composition, capables de changer de registre en quelques secondes et qui soient, de surcroit autant capables de jouer que de chanter a capella.
Mention spéciale à Brock et à Fabienne Fiette (mais ils sont tous excellents) qui incarne la Mort au-delà de la représentation en offrant dans le hall à la spectatrice le cornet de glace qu’elle lui a promis une demi-heure auparavant.
L'inspiration historique est fantaisiste, poétique et humoristique. La performance est bluffante, loufoque et carrément réjouissante.
mise en scène de l'auteur (création)
1h50 sans entracte
au Théâtre 13, Accès par le mail au 103 A boulevard Auguste Blanqui ou par la dalle piétonne face au 100 rue de la Glacière, 75013 Paris. Tel 01 45 88 62 22
Avec Brock, Emilie Chevrillon, Julie Debazac, Fabienne Fiette, Pierre-Olivier Mornas et Pablo Peñamaria
Assistant à la mise en scène François-Xavier Rouyer, Musique Pablo Peñamaria, Décor et accessoires Marguerite Danguy des Déserts, Costumes Corinne Pagé, Lumière Philippe Mathieu, Maquillages Anne Caramagnol
Production Phénomène et Cie, Co-production Théâtre 13 et Théâtre André Malraux de Rueil-Malmaison, avec le soutien de la Ville de Paris et de l’Adami. Texte écrit aux Athévains (dans le cadre de la Résidence d’Ecrivains, subventionnée par le Conseil Régional d’Ile de France – Service du Livre) et édité aux Éditions Les Cygnes – Collection Les Inédits du 13.