SUR MES EPAULES1
SUR MES EPAULES1
Comme un vieux manteau
La feuille détachée par une frêle brise
Souffle fraîchement dans ma chemise
Vient fébrilement faire gentiment la folle
Dans son lent exode se pose puis décolle
Et sur mon visage me prend la peau
D’une douce caresse si légère elle me colle
M’envahit et me couvre de son chapeau
L’âme grise et triste du soir croule mes épaules...
Il draine mes amours mortes
Comme il jaunit les feuilles mortes
Il blanchit le lac en eau forte
Lui lance ses couleurs de vague à l’âme morte
Il frissonne sur ma froidure et l’exhorte,
La raidie, la cambre et l’irradie en cohorte,
Une lente douleur se gausse de moi et m’emporte
Elle me piétine, me trépigne, me bat, plus forte
L’âme grise et triste du soir envahit mes épaules...
Le papillon du soir se pose
Sur le dessus de mon épaule
Il vient doucement frémir le col
Déposer sa tâche de luciole
Ma main fébrile d’un brusque geste ose
Bousculer le nid douillet où il se colle
Alors il carillonne, il tourbillonne,
Pour finir marmonne puis papillonne
L’âme grise et triste du soir refroidit mes épaules...
Mes yeux comme deux infidèles,
Courent, s’égarent s’échappent fixent le ciel
La pluie froide les glace et me congèle
Le vent est sournois et fait son zèle,
Le givre blanc couvre mes manches mes doigts, les gèle
Mes mains se prennent, se serrent se frictionnent s’accolent
Et soudain comme prisent de froid claquent folles
Pour finir se recroquevillent à rebrousse poil
L’âme grise et triste du soir engorge mes épaules...
Le froid gagne mon corps rebelle
Il tournoie me pénètre puis me harcèle
Insidieusement. Il génère un morbide frisson
Celui qui s’embusque là dans votre dos
Puis teigneux brusquement il m’incruste
De sa mortelle compagnie, il m’abuse
Devient rustre et rapidement me tarabuste
Et impuissant devant sa froideur de démon
L’âme grise et triste du soir enlaidit mes épaules...
Comme un très vieux manteau
Gris sale troué et entaché sur le dos
Un trop vieux manteau
Rapiécé de bas en haut
De douleurs, de souffrances et de maux,
De coups du sort de froid et de chaud
Qu’on ne sait plus où est le bas du haut
Il me prend me serre me tient chaud
L’âme grise et triste du soir mortifie mes épaules...
Georges Adrien PARADIS le 31 octobre 2007 à 15h30