L’association est implantée depuis le milieu des années 1990 dans ce quartier de 13 000 habitants. À but socioculturel, elle développe des actions en direction des jeunes enfants, adolescents, femmes, familles et associations de quartier. Elle compte plus de 230 familles adhérentes, soit près de 1000 personnes.
L’association articule son projet autour de 6 axes majeurs :
- Soutien et accompagnement à la scolarité (élémentaire et collège),
- Loisirs éducatifs des jeunes,
- Action en direction des femmes et des familles (ateliers sociolinguistiques, soutien à la parentalité, etc.),
- Médiation et soutien administratif aux habitants et accompagnement des associations,
- Coordination d’un espace associatif pour créer des évènements et du lien sur le territoire,
- Appropriation de l’espace public par les habitants.
La structure porte actuellement 10 actions identifiées et financées dans le cadre de la politique de la ville :
- Accueil de loisirs sans hébergement 6-11 ans,
- Point d’accueil des jeunes 12-17 ans,
- Animations de proximité l’été pour les 12-17 ans,
- Accompagnement à la scolarité pour les élèves des secteurs élémentaires et collèges, parentalité, sorties familles, ateliers : gym, couture, code de la route, conversation, etc.),
- Aide administrative aux habitants et aux associations,
- Médiation entre familles et collège,
- Engagement des jeunes pour l’accès aux savoirs, aux pratiques culturelles et sportives.
- Rencontres et débat autour de la thématique parentale,
- Actions partenariales pour valoriser le quartier, le tissu associatif et faire participer les habitants à la vie de la cité.
Pour mettre en œuvre ces nombreuses actions, indispensables dans ce quartier, l’association compte 14 salariés. Elle a perdu 6 personnes suite à la suppression par l’État des contrats aidés. En période scolaire, la structure fait appel, comme elle peut, à des intervenants vacataires.
Elle a par ailleurs participé à la création d’une coordination de la trentaine d’associations du quartier pour valoriser leurs actions, mettre en place des actions collectives efficaces et créer un projet social de territoire.
Actuellement, l’association n’a aucune garantie quant à sa pérennité : les subventions des institutions restent faibles et insuffisantes face à la demande sur le terrain. Par exemple, la structure a une capacité d’accueil de 150 jeunes pour… 3 500 sur le quartier. En effet, on constate une absence totale de volonté politique pour stabiliser et développer les actions des associations dans le quartier. Pourtant, les retours de celles-ci sont largement positifs.
Les difficultés rencontrées, et identifiées durant notre réunion, sont nombreuses :
- Absence de mixité sociale et ghettoïsation : la responsabilité des bailleurs sociaux est soulignée. Ils doivent sans aucun doute largement réformer leur politique d’attribution des logements.
- Cette absence de mixité empêche toute intégration et soutient un repli communautaire, accentué par les stigmatisations dont font l’objet ces populations au niveau national et par le chômage de masse : entre 25 et 50% selon les tranches d’âge…
- Dans une telle situation, les parents sont souvent en situation d’abandon de leur responsabilité et de leur rôle d’éducation. Il faut largement les suivre et les aider dans leurs démarches tant administratives que d’intégration socio-culturelle (la médiathèque Marc Bernard mène d’ailleurs un intéressant travail sur ce point).
- L’urbanisme est également en cause, avec des quartiers coupés du reste de l’agglomération et une absence totale de cohérence dans la politique de la ville : des réseaux de transports en commun qui ne permettent pas davantage de liens et qui ne sont pas soutenus ; des commerces et lieux de vie abandonnées par les pouvoirs publics (exemple de la SMAC, construite à l’opposé de la ville dans un quartier peu dense, quand cette salle aurait pu être un lien entre différents quartiers comptant de nombreux jeunes, notamment par une installation à Saint-Césaire), etc.
- Dans cette situation, une trentaine (tout au plus) de jeunes suffit à créer un climat extrêmement tendu et difficile.
- Les association ont donc un rôle essentiel. Malheureusement, elles-mêmes ont trop souvent été instrumentalisées par les politiques à des fins électorales sans aucun appui sur le long terme (or, tout approche court-termiste est vouée à l’échec).
Le clientélisme a été largement dénoncé (avec raison) durant cet entretien : partis politiques qui promettent des postes en échange de soutiens ponctuels de certains habitants, etc. Cela a tout à fait décrédibilisé le rôle des politiques qui est normalement d’animer la vie démocratique et de changer en profondeur (sur le long terme) et positivement le quotidien des riverains par des actions de fond.
À la fin de cet entretien passionnant, à la fois inquiétant et optimiste (il y a une vraie volonté des jeunes de s’en sortir), nous avons tous pu affirmer la nécessité d’une nouvelle impulsion politique pour la métamorphose de ces quartiers difficiles : plus d’associations présentes sur le terrain, soutien sur le long terme pour des actions ciblées dans chaque périmètre et pour chaque tranche de population, politique de la ville nouvelle avec des transports efficaces et un urbanisme repensé (moins de « béton », plus de liens entre quartiers, etc.), fin de la ghettoïsation et nouvelle politique d’attribution des logements HLM, mise en place de marchés inter-quartiers, aides aux commerces de proximité, conditionnement d’aides aux entreprises pour l’embauche de jeunes riverains et la formation, recrutement d’éducateurs spécialisés pour le suivi personnel des jeunes délinquants, etc.
Bien évidemment, avec la section PS Nîmes Marianne, nous continuerons ce type de rencontres de quartier (au plus près des préoccupations des riverains) que nous avions initié à l’automne dernier au chemin bas d’Avignon.