Critique film : Pina, réalisé par Wim Wenders, documentaire hommage à Pina Bausch, sortie cinéma 04/2011
Connaissez-vous Pina Baush ? Quelque soit votre réponse, que vous soyez déjà un admirateur de la chorégraphe ou que vous n’ayez jamais entendu parler d’elle, prenez le temps de l’aimer dans le long-métrage que Wim Wenders lui consacre. Certainement le documentaire le plus artistique, le plus visuel, le plus musical et dansant qu’il m’ait été donné de voir. Au point de sentir ma gorge se nouer devant certains tableaux, quand les corps s’expriment avec une sensibilité bouleversante. Même moi qui n’y connaît rien, vraiment rien, à la danse contemporaine, Pina m’a transcendé. Et je me suis senti heureux comme jamais d’habiter un corps humain.
D’après ce que j’ai compris, à l’origine, Wim Wenders, ami de longue date de Pina, préparait un documentaire sur et avec cette dernière. Hélas, juste avant le début du tournage, le 30 juin 2009, à l’âge de 68 ans, elle s’éteint. Le réalisateur et les danseurs ont alors envisagé d’abandonner le projet pour finalement le reprendre sous forme d’hommage. Et quel hommage. Pour moi qui la découvrait pour la première fois réellement durant la projection, au travers des regards, des gestes et des mots des dizaines de danseurs qui participent au film, et qui lui vouent un amour sans limite, j’ai ressenti une sincérité saisissante de la part de chacun quand ils l’évoquent. Ils décrivent Pina comme une mère, une sœur, une femme profondément humaine, attachée à la beauté intérieure de chaque individu. Et chacun la danse à sa manière, sur scène devant le public, dans des décors créés exclusivement pour le film, ou encore dans l’environnement urbain de Wuppertal, la ville où l’artiste a marqué l’histoire de la danse contemporaine.
Dès la genèse du projet, Wim Wenders voulait un documentaire en 3D. Effectivement indispensable car chaque scène dansée offre au spectateur une notion de profondeur voulue, travaillée et presque magique qui apporte une véritable valeur ajoutée visuelle. Et pour le coup, ici, pas de bras dédoublé en plein mouvement, pas de décor saccadé, c’est la première 3D nette et sensée qu’un grand écran ait pu projeter. Chaque scène raconte une émotion, une histoire, un instant, que l’on interprète chacun à sa façon, mais qu’il est impossible d’indifférer. Je suis passé du rire aux larmes en quelques secondes de poésie dansée, si bien qu’aujourd’hui je veux découvrir Pina et toute son œuvre, et revivre cet intense sentiment d’allégresse qu’elle savait transmettre magistralement.
8/10