Patrick Roy, député du Nord, maire de Denain, souffrant d’un cancer du pancréas, avait dû suspendre ses fonctions. Lors de son retour à l’Assemblée nationale le 15 mars dernier, ses collègues l’avaient ovationné. La maladie l’a finalement emporté le 3 mai.
Devant les caméras de France 3 Nord/Pas-de-Calais, ici, Bernard Debré a alors estimé que Patrick Roy avait fait de sa maladie un "spectacle indécent". Ecoutez comment s’exprime cet homme sensible et délicat, qui représente un certain nombre d’électeurs de notre pays : « Mais enfin, cette espèce d'ovation était déplacée. Ce spectacle était totalement déplacé. Ce président de l'Assemblée qui avait écrasé une larme devant tout le monde...Où est-on? Où est-on? ». En tout cas, pas avec M. Debré.
Bien sûr, les membres du corps médical, confrontés plus fréquemment que nous-mêmes à la souffrance et à la mort, doivent garder une certaine distance pour conserver tous leurs moyens dans leur lutte contre la maladie. Mais comment est-il donc possible que le professeur Debré n’ait pas compris ce qui se passait ce 15 mars ?
Voilà donc Patrick Roy qui, après l’échec d’une chimiothérapie, s’était cru perdu. On lui a alors proposé d’essayer, sans aucune garantie de guérison, un traitement avec une nouvelle molécule. On constate alors une rémission. Epuisé, amaigri, il trouve la force de revenir sur ses lieux de travail, dans sa mairie, à l’Assemblée, qu’il pensait ne plus jamais revoir. Comment ne pas comprendre qu’il ait alors été submergé par l’émotion ? Et devant un tel spectacle, il est normal que des personnes, qui ne s’acharnent pas à réprimer leurs sentiments, qui ne craignent pas de laisser transparaître une faiblesse passagère, puissent se trouver bouleversées.
Où y avait-il donc spectacle, qu’y avait-il d’indécent ? Qu’est-ce qui permet à Bernard Debré d’insinuer que la larme de Bernard Accoyer n’était pas sincère ? Parce qu’il est incapable de pleurer en public et estime déshonorant de rendre hommage à un homme de gauche au seuil de la mort ? Pauvre type, il est bien à plaindre !