Une nouvelle famille de dendrimères, des molécules de synthèse en forme d'arbre, actives sur le système immunitaire, serait capable de supprimer l'inflammation dans les maladies inflammatoires chroniques, comme la polyarthrite rhumatoïde, caractérisée par l'inflammation de l'ensemble des tissus articulaires. C'est ce que vient de démontrer une équipe de l'Inserm sur l'animal et in vitro sur des cellules humaines, qui publie dans l'édition du 4 mai de la revue Science Translational Medicine. Un espoir thérapeutique pour un grand nombre de patients atteints qui ne répondent pas aux traitements actuels.
Cette famille de molécules, introduite par injection intraveineuse agit sur l'inflammation au niveau de l'articulation et empêche la destruction du cartilage et l'érosion osseuse. C'est en tous cas le résultat obtenu sur deux modèles animaux qui miment la polyarthrite rhumatoïde humaine.
Les dendrimères sont des macromolécules de synthèse dont la forme ressemble à celle d'un arbre. Un dendrimère est constitué de monomères qui s'associent selon un processus arborescent autour d'un cœur central plurifonctionnel. La construction arborescente s'effectue par la répétition d'une même séquence de réactions jusqu'à l'obtention à la fin de chaque cycle réactionnel d'une nouvelle génération et d'un nombre croissant de branches identiques. Après quelques générations, le dendrimère prend généralement une forme sphérique, hautement ramifiée et plurifonctionnalisée grâce aux nombreuses fonctions terminales présentes en périphérie*. Ces constructions moléculaires peuvent être utiles pour de multiples applications (imagerie médicale, en ingénierie tissulaire, nanomédecine).
Les dendrimères peuvent interférer avec les cellules du système immunitaire avec un effet anti-inflammatoire. C'est pourquoi, les scientifiques de l'inserm ont testé le potentiel thérapeutique de ces molécules dans le traitement de maladies inflammatoires chroniques telle que la polyarthrite rhumatoïde sur deux modèles de souris.
Avec injection de ces dendrimères, le cartilage est préservé et les articulations sont intactes, que ce soit sur le premier modèle de souris -où la maladie se développe spontanément après 4 semaines de vie- ou sur le second, -où l'arthrite est induite par injection d'autoanticorps-. En injectant une fois par semaine, ces dendrimères par voie intraveineuse, le cartilage est préservé et les articulations sont intactes et parfaitement fonctionnelles. Des doses administrées (de 1 à 10 mg/kg) sur la souris, compatibles avec les doses thérapeutiques chez l'homme, précise l'un des chercheurs. Par ailleurs, ces molécules dendrimères auraient la capacité de réduire les effets néfastes d'une activité inflammatoire trop importante en abaissant le taux de cytokines pro-inflammatoires.
Répondre à un besoin de nouveaux traitements: Aujourd'hui, un patient sur 3 atteint d'une maladie inflammatoire chronique ne répond pas aux traitements existants. Si les dendrimères confirmaient in vivo leur efficacité thérapeutique déjà testée in vitro sur des cellules de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, ils constitueraient une piste prometteuse pour le développement de nanothérapeutiques dans le traitement de ces maladies inflammatoires.
*CNRS
Sources: Communiqué Inserm, Sci Transl Med 4 May 2011 Vol. 3, Issue 81, p. 81ra35DOI: 10.1126/scitranslmed.3002212 A Phosphorus-Based Dendrimer Targets Inflammation and Osteoclastogenesis in Experimental Arthritis
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