Drogué à 12 ans

Publié le 06 février 2008 par Raymond Viger

Très vite, sa consommation s’intensifie. À 14 ans, Maxime sort en cachette la nuit pour se rendre chez un vendeur où il peut fumer gratuitement. Il vend à l’école pour ce dealer qui l’accueille dans ses escapades nocturnes. Il fume de 6 à 8 joints par jour, ne dort pas sans avoir consommé et se gèle à l’école. Maxime récolte malgré cela de très bons résultats scolaires; sa conscience est tranquille face à ses enseignants et à ses parents.

Le plaisir devient problème
À cette époque, Maxime vit une période où il se rend compte de sa dépendance. Il décide de faire une pause de consommation d’une durée indéterminée. «Après deux semaines à ne rien prendre, un ami m’a dit que je semblais aller mieux. J’ai recommencé à consommer sur le champ. Pour moi, ça voulait dire que mes problèmes étaient réglés!», raconte Maxime.

À 15 ans, son style de vie l’attire vers une autre drogue: le PCP. «La première fois, j’ai pris une ligne, puis une autre, parce que la première n’avait pas fait effet. Une demi-heure après, j’étais complètement défoncé dans l’autobus scolaire», se souvient-il. Ses camarades de classe le remarquent, et avertissent Maxime du danger. Il ignore leurs conseils. Le lendemain, il rachète une dose et se fait illico une ligne sur la table de la cafétéria.

Le PCP devient sa nouvelle drogue. «J’étais tout le temps gelé. Il m’arrivait de me tenir aux murs pour marcher ou même d’avoir des black-out», avoue-t-il. Avec le PCP, Maxime mélange à quelques reprises de la codéine, un dérivé de l’opium. «Quand tu prends du PCP, tu es juste fucké. Mais la codéine, c’est pas pareil. C’est plaisant. Cette drogue aurait pu signer mon arrêt de mort si elle avait été plus accessible», admet Maxime.

À 15 ans, il connaît une année scolaire difficile. Une première à vie! Ses notes baissent, il est en retard à presque tous ses cours et répond de haut à ses professeurs qui critiquent son comportement. «Parfois, j’étais tellement stone que je n’arrivais même plus à écrire», se rappelle le jeune homme qui ne comprend pas aujourd’hui ce qui le motivait à se droguer à l’école.

Sa grande consommation de PCP commence à lui donner des envies suicidaires, symptôme connu de cette drogue: «Quand tu es dans un down sur cette drogue-là, tu as mal à la vie. J’avais même planifié sniffer une grande quantité de drogue pour faire une overdose.» Il ne passera pas à l’acte. Mais il n’est plus question pour lui d’arrêter sa consommation, «c’était devenu trop difficile de passer même une journée sans drogue.»

Ironie du sort, c’est en prenant une ligne de PCP avec une fille en rechute que Maxime se laisse convaincre de passer un test d’habitude de consommation. «Elle me décrivait la thérapie qu’elle avait suivie, et me parlait avec des mots qui me rejoignaient», souligne Maxime, marqué par cette rencontre. Une semaine après le test, l’intervenant de son école lui donne le verdict. Maxime est abasourdi: «J’avais besoin d’une thérapie de 8 semaines en centre d’accueil. Je n’arrivais pas à le croire!»

Se connaître en retard
Maxime suivra 3 thérapies fermées. Les 2 premières constituent des tests radicaux pour le jeune homme qui doit arrêter net sa consommation et comprendre qu’il a un sérieux problème: «Je ne m’endurais pas. Le pire, c’était la nuit. J’avais l’impression que les murs et le plafond allaient m’avaler», se souvient douloureusement Maxime.

Suite à ces 2 thérapies, il fait son entrée au cégep…et panique. Il n’est pas encore prêt pour une vie sobre en société. De son propre gré, il entreprend une 3e thérapie. C’est lors de ce dernier séjour en lieu clos qu’il apprend enfin à reconnaître son caractère de consommateur: «Je suis un gars très anxieux, rêveur et perfectionniste. La drogue me permettait de ne pas faire face à la personne que j’étais. Je ne vivais que pour ma consommation.»

«En thérapie, ils nous disent que pour arrêter de consommer, il faut fournir autant d’énergie qu’on en mettait pour se trouver de la drogue. Si tous les consommateurs agissaient comme ça, le monde irait bien!» de s’exprimer l’ancien toxicomane qui consacre aujourd’hui tous ses efforts à ses études universitaires. Maxime a découvert au fil du temps que le bonheur se trouve ailleurs que dans la drogue: «J’ai finalement compris qu’avant, ce n’était pas moi qui faisait tout en fonction de la drogue. C’est la drogue qui me faisait tout faire en fonction d’elle.»

Encadrés

Le cannabis
Une consommation à long terme de cannabis peut engendrer de nombreuses complications: manque de motivation, difficulté à se concentrer, réduction de la capacité d’apprentissage, panique. En cas extrême, ces problèmes peuvent dévier vers la paranoïa ou l’hallucination. La marijuana est aussi reconnue pour aggraver ou provoquer les symptômes chez les personnes vivant avec des troubles psychiatriques.

Le PCP
La phencyclidine, mieux connue sous le terme PCP, est une drogue synthétique qui se consomme sous forme de poudre cristalline. Elle peut être inhalée, sniffée, bue ou injectée et crée une relaxation. Le manque de coordination est aussi une caractéristique du PCP. Les utilisateurs réguliers de cette drogue sont reconnus pour être violents.

D’abord utilisée dans le domaine de la médicamentation il y a plus de 40 ans, la substance, qui a une valeur psychotrope trop forte, a été par la suite proscrite. Le PCP est aujourd’hui utilisé comme anesthésiant dans le domaine vétérinaire et est assez puissant pour apaiser les souffrances d’un cheval!

La codéine
Produit dérivé de l’opium, la codéine procure un sentiment de bien-être extrême ainsi qu’une insensibilité à la douleur. Elle est utilisée dans certains médicaments prescrits au Canada. On la retrouve dans des sirops contre la toux et dans des médicaments puissants contre le mal de tête.

Autres textes sur Alcool et drogue.

.

.

Témoignage d’un jeune consommateur.

Les écoles, la drogue et le sexe.

Ce billet, ainsi que toutes les archives du magazine Reflet de Société sont publiés pour vous être offert gracieusement. Pour nous permettre de continuer la publication des textes ainsi que notre intervention auprès des jeunes, dans la mesure où vous en êtes capable, nous vous suggérons de faire un don de 25 sous  par article que vous lisez et que vous avez apprécié.

Merci de votre soutien.