Le problème est que le film n'exploite pas suffisamment l'atout majeur du film, son postulat scénaristique, simple mais terriblement malin : tous les ans, le village de Barrow, dans l'Alaska, se retrouve durant 30 jours privé de soleil et coupé du monde ; une véritable aubaine pour une troupe de vampires affamés qui n'ont pas l'intention de se priver de ce buffet facile. La rigueur de l'hiver, la nuit, l'isolation, tout était là pour faire de ce 30 Days of Night un huit-clos glaçant (ha ha). Pas de chance, malgré les efforts de Slade et de son équipe (chouette teinte bleutée de l'image), on ne retrouve ni l'esthétique ténébreuse ni la sensation d'emprisonnement qui fesaient la force du comic-book. L'exercice n'était pas tant de rendre la nuit aussi belle et troublante que chez Michael Mann, mais de se passer de l'extrême stylisation du graphisme de Templesmith tout en conservant l'atmosphère poisseuse, la tension et la sècheresse de son association avec Niles.
Malheureusement, entre des vampires trop visibles et démonstratifs (et bien plus primaires que dans les bouquins, dommage), des victimes dont les relations vaguement esquissées auraient mérité d'être zappées ou approfondies (Josh Hartnett est en revanche au diapason, ni trop héroïque ni trop couard), quelques moments clefs étrangement mous (le duel entre Hartnett et le boss des suceurs de sang) et une gestion malhabile de la durée, il ne reste au final qu'un divertissement gore très classique en dépit de son contexte atypique, d'où émerge tout de même une poignée de scènes efficaces, prenantes ou émouvantes (le final) et quelques plans saisissants de Barrow, ville fantôme où la neige est teintée de rouge. Déception qui ne devrait pas m'empêcher, en bon fanboy un brin borné, de sauter sur le DVD.
30 Days of Night (Columbia Pictures) - 2007
Verdict du Père Siffleur