Besancenot prend à contre-pied la gauche… et le NPA

Alors que les candidats aux primaires rivalisent de créativité pour annoncer leur candidature, Olivier Besancenot confirme quant à lui son retrait de la scène médiatique. Par une lettre aux militants, il annonce qu’il n’incarnera pas son organisation en 2012. Une décision attendue, lourde de conséquences pour le NPA.

“Défiez vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables…” C’est par cet extrait tout droit sorti d’un appel de la Commune de Paris qu’Olivier Besancenot, un brin menaçant, a introduit sa missive aux militants. Une décision attendue au NPA où M. Besancenot avait déjà fait part de sa lassitude à représenter le parti. Une décision motivée, selon l’intéressé, tant par une volonté de s’engager dans le volet internationaliste de son parti, que par des impératifs d’ordre privé. Pourtant, le NPA, en crise depuis un an, se voit ainsi privé de son champion pour 2012.

Et autant dire que l’organisation héritière de la LCR misait gros sur son cheval. De plus en plus marginalisés dans les précédents scrutins, beaucoup aux NPA comptaient sur une nouvelle percée aux présidentielles pour remettre le parti en selle, et faire valoir ses prétentions à la gauche de la gauche. Le parti d’extrême gauche a déjà subi plusieurs saignées dans ses effectifs en deux ans, avec la scission Gauche Unitaire en 2009, puis le départ d’une partie des unitaires en février 2009. Aujourd’hui, le NPA va devoir plus que jamais compter sur son réseau militant pour porter un(e) éventuel(le) anonyme en 2012. À moins que ce choix ne provoque une remise en cause de cette stratégie. Et voilà que certains se mettent à rêver d’une revirement en faveur du Front de Gauche.

En effet, la décision de l’ancien candidat en 2002 puis 2007 intervient le lendemain d’une rencontre entre Front de Gauche et NPA. Malgré les “capacités de rassemblement” affirmées à l’issue de cette rencontre, la stratégie à l’égard du Parti Socialiste continuerait de constituer un point d’achoppement, selon Pierre François Grond, responsable du parti anticapitaliste. Et le Front de Gauche d’apporter, par la voix du PCF, des gages de confiance au NPA, assurant ne pas souhaiter intégrer un “gouvernement d’alternance”.

Un revirement du NPA sur la question de 2012 apparaît pourtant très peu probable. La candidature de M. Mélenchon pourrait apparaître comme l’explication de cette réticence. Mais la position de faiblesse du NPA vis à vis du Front de Gauche, aujourd’hui accrue par la décision rendue publique de M. Besancenot, rendrait quasi-impossible tout accord politique. Pire, le ralliement du NPA au Front de Gauche, jusqu’ici nécessaire à la mise en œuvre d’une stratégie d’union de la gauche antlibérale portée par le Parti de Gauche, devient à présent moins cruciale.

En principe, l’absence du champion trotskiste à l’élection présidentielle rend, à priori, le NPA, bien moins dangereux pour Jean Luc Mélenchon. Pire, les prochains sondages pourraient confirmer un report partiel de voix en faveur du député européen. Et l’écroulement éventuel du parti anticapitaliste aux prochaines échéances électorales ne serait pourtant pas, en dépit des apparences, pour renforcer la gauche alternative française.