Soirée de poésie persane

Par Onarretetout

C’est par l’histoire de son nom qu’Emma Peiambari (Najmeh Mousavi) commence la soirée. Parce qu’un nom désigne une personne. Mais elle tient aussi à parler de l’histoire de la langue du pays où elle est née. Bien que le persan soit une langue indo-européenne, il a la particularité de s'écrire avec des caractères arabes. Et la poésie persane s’est récemment émancipée de ses aînés classiques qui ont marqué de rimes et de rythmes les vers de plusieurs générations. Elle dira qu’elle aime toujours les poèmes de Hafez, poète du 14e siècle, et sans doute le plus populaire des poètes en Iran, mais aussi qu’elle a choisi d’écrire sans chercher la rime forcée, comme écrivent aujourd’hui les poètes modernes de langue persane. En citant Forough Farrokhzad, Nima Yushij et Ahmad Shamlou, elle s’inscrit dans cette histoire, nom, langue, pays, poésie.

Et ses poèmes ont une voix de femme, qui commence non par la naissance mais par la mort et la séparation, par la difficulté de vivre et la nécessité de vivre quand c’est dans l’absence de l’autre, sans tombe, sans terre, dans l’absence d’une enfance lointaine, dans l’absence du pays de la naissance. Au point que, pour vivre, elle dit qu’elle aurait aimé naître à nouveau, dans un autre monde. Mais il n’en est pas d’autre, et il faut lutter, sauver l’odeur des jasmins du jardin que la mémoire cultive, et la couleur des pensées qu’on plante au printemps. Et vivre, malgré la violence des hommes, vivre parce qu’un jour la délivrance viendra et que, ce jour-là, « aucun enfant ne sera sans embrassement / aucun bassin sans poisson / aucun fleuve sans flots / et aucune terre ne sera assoiffée ».

Cette rencontre était organisée par l'Association Lettres persanes à La Maison des Associations du 12ème arrondissement (Paris)