Volume de la consommation effective des ménages par habitant en 2009.
Part des dépenses publiques dans la consommation effective des ménages en 2009.
Niveaux de prix comparés* des biens et des services des principaux pays de l’Union européenne en 2009.
Corrélation entre les volumes de consommation effective par habitant et les niveaux de prix comparés en 2009.
Évolution des coefficients de variation des niveaux de prix comparés des pays de l’Union européenne à 27 et de la zone euro.
Par Fabrice Romans (*)
En 2009, en France, la consommation effective des ménages par habitant en volume est supérieure de 13% à la moyenne européenne. La France a un haut niveau de consommation, pour la plupart des biens et services. Le niveau de prix des biens et services consommés est supérieur de 14% à la moyenne européenne, notamment en raison de prix élevés pour les dépenses de logement. Malgré un resserrement, des écarts importants de prix subsistent dans l’Union européenne, y compris dans la zone euro.Comparer le bien-être matériel entre pays
Pour évaluer les niveaux relatifs de bien-être matériel entre pays, la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi sur la mesure des performances économiques et du progrès social recommande de mettre l’accent sur des indicateurs centrés sur la réalité vécue par les ménages, en particulier leur consommation effective. Celle-ci correspond à l’ensemble des biens et services que les ménages consomment, que la dépense correspondante leur incombe ou qu’elle soit prise en charge par les administrations publiques (État, collectivités territoriales et organismes de sécurité sociale). À cette aune, la position relative de la France en Europe est bonne : la consommation effective par habitant après ajustement des parités de pouvoir d’achat (PPA) y est supérieure de 13% à la moyenne des 27 pays de l’Union européenne en 2009. Cet indicateur varie sur une échelle de un à trois et demi (de 45 % de la moyenne européenne pour la Roumanie à 152 % pour le Luxembourg). Derrière le Luxembourg et le Royaume-Uni (125 % de la moyenne européenne), la France fait partie d’un groupe de six pays (avec les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suède, l’Autriche et le Danemark) qui ont un niveau de consommation comparable (de 112 % à 116 % de la moyenne européenne).
Si l’on s’était fondé sur un indicateur de comparaison internationale plus couramment utilisé, le produit intérieur brut (PIB) par habitant, après ajustement des parités de pouvoir d’achat, la France se serait située au 11e rang de l’Union européenne, à un niveau supérieur de 8 % à la moyenne des 27 pays de l’Union.
Volume de la consommation effective des ménages par habitant en 2009.
Manger et boire chez soi, un art de vivre à la française
Poste par poste, les volumes de consommation peuvent varier en particulier sous l’influence de facteurs culturels. En se restreignant aux pays géographiquement proches et de taille comparable, le volume de consommation par habitant en produits alimentaires est relativement élevé en France (118% de la moyenne européenne) : ce niveau est équivalent à celui de l’Italie, mais il est supérieur à celui de l’Espagne (110%) et plus encore à ceux de l’Allemagne et du Royaume-Uni (respectivement 93% et 84%). En moyenne, un Français consomme trois fois plus de poisson qu’un Allemand et une fois et demie plus de viande. En revanche, les consommations de produits à base de céréales et de boissons non alcoolisées sont plus élevées en Allemagne qu’en France.
En France, la consommation par habitant en boissons alcoolisées est supérieure à la moyenne européenne (120%), derrière l’Allemagne (133%), mais devant le Royaume-Uni (112 %), l’Espagne (58 %) et l’Italie (48%). Ces disparités de volumes consommés ne doivent toutefois pas être interprétées en termes de différences de quantités d’alcool consommées. Elles peuvent refléter des différences de niveau de gamme dans les produits achetés. Le niveau élevé de consommation en alimentation et alcool à domicile s’explique aussi par la moindre fréquentation des cafés et restaurants en France. En effet, la consommation dans les cafés, pubs et salons de thé y est l’une des plus basses en Europe, au contraire de l’Espagne, de l’Italie et du Royaume-Uni. La consommation en tabac est, en revanche, relativement faible en France (72% de la moyenne européenne), devant le Royaume-Uni (68%), mais derrière l’Allemagne (90%), l’Italie (110%) et l’Espagne (152%). Toutefois, si la consommation est élevée en Espagne, c’est en partie à cause des non-résidents, qui profitent de niveaux de prix relativement bas par rapport au reste de l’Europe.
Une consommation élevée de biens et services liés à l’habitat
La consommation en volume de vêtements et chaussures est légèrement inférieure en France à la moyenne européenne (95%), en deçà de celles de l’Espagne (100%) et de l’Allemagne (112%), et très inférieure à celles du Royaume-Uni (144%) et de l’Italie (151%). Cette faible consommation de produits d’habillement en France concerne surtout les vêtements pour adultes.
La consommation relative au logement, à l’eau, à l’énergie et aux travaux domestiques des Français est supérieure de 14% à la moyenne européenne ; il en est de même pour la consommation en meubles et équipements de la maison. En matière de santé, d’éducation, mais aussi de communication, de loisirs et de culture, la consommation en volume est également supérieure à la moyenne européenne. C’est le cas aussi pour la consommation de transport, du fait des dépenses de réparation de véhicules.
Quand les États prennent en charge une partie des dépenses des ménages
La consommation effective des ménages comprend également les dépenses prises en charge par les administrations publiques, notamment en matière d’éducation, de santé, ou de logement. Ces dépenses en volume varient dans un rapport de un à trois et demi entre la Bulgarie et le Danemark. Leur niveau en Allemagne est proche de la moyenne européenne, alors que celui de la France lui est supérieur de plus de 25%. La part de ces dépenses publiques dans la consommation effective des ménages varie fortement d’un pays à l’autre, de 9% en Grèce à 30% au Danemark. La France se situe à un niveau intermédiaire (22%), supérieur à celui de l’Allemagne (17%). De fait, les administrations publiques françaises (État, collectivités territoriales, organismes de sécurité sociale) prennent en charge 88% de la consommation des ménages en éducation, 77% de leur consommation de santé et même 15% de leur consommation de loisirs et culture, contre respectivement 74%, 68% et 7% en Allemagne.
Part des dépenses publiques dans la consommation effective des ménages en 2009.
En France, les prix des services sont élevés par rapport à la moyenne européenne
Les niveaux de prix diffèrent entre pays de l’Union européenne, bien que ces pays appartiennent à une même union économique. En France, en 2009, les prix sont supérieurs de 14% à la moyenne européenne. En règle générale, les prix sont plus élevés dans les pays européens où le niveau de vie est plus élevé, un phénomène bien connu des économistes, sous le nom d’effet « Balassa-Samuelson ». Au-delà de cet effet, le niveau relatif des prix dépend également du taux de change courant. Ainsi, le niveau des prix au Royaume-Uni apparaît relativement faible (-4% en deçà de la moyenne européenne) en raison de la dépréciation de la livre sterling intervenue en 2009 ; à l’inverse, il est très élevé au Danemark (+50 % par rapport à la moyenne européenne) en raison de l’appréciation de la couronne danoise. Les différences de niveau de prix entre pays peuvent également être expliquées par des différences de coûts du travail, d’intensité de la concurrence, de structure des réseaux de distribution et de fiscalité.
Les différences de prix entre pays sont plus importantes pour les services que pour les biens. Ainsi, en 2009, les prix des services en France étaient supérieurs de 22% à la moyenne européenne, alors que l’écart n’était que de 5% pour les biens de consommation. En effet, d’une part, les services consommés étant peu échangeables, leurs prix tendent moins à s’égaliser d’un pays à l’autre. D’autre part, le prix des services consommés en France est globalement supérieur à ceux des pays voisins de la zone euro et de taille comparable. En particulier, les niveaux de prix des dépenses liées au logement en France équivalent à 127% de la moyenne européenne, contre 110 % en Allemagne, 104% en Italie et 103% en Espagne. Cela est dû à la relative cherté des loyers et des services de rénovation du logement en France par rapport aux autres pays de l’Union européenne.
En France, les prix des dépenses de communication ainsi que de l’hôtellerie-restauration sont supérieurs de 21% à la moyenne européenne, et largement au-dessus de ceux de l’Allemagne (94% de la moyenne européenne pour la communication et 102 % pour l’hôtellerie-restauration). En revanche, les prix de l’alimentation, supérieurs de 10% à la moyenne européenne, sont à un niveau proche de celui observé outre-Rhin. Par rapport à la moyenne européenne, les prix des viandes, des fruits, légumes et pommes de terre, des pains et produits à base de céréales sont élevés en France. À l’inverse, les prix des boissons alcoolisées et non alcoolisées sont un peu inférieurs en France à la moyenne européenne. Le prix du tabac y est très élevé (134% de la moyenne européenne), du fait de l’importance de la fiscalité.
Niveaux de prix comparés* des biens et des services des principaux pays de l’Union européenne en 2009.
Corrélation entre les volumes de consommation effective par habitant et les niveaux de prix comparés en 2009.
Évolution des coefficients de variation des niveaux de prix comparés des pays de l’Union européenne à 27 et de la zone euro.
Les écarts de prix subsistent entre pays, mais se resserrent
Suite à la construction du marché intérieur de l’Union européenne et de l’union monétaire, les prix se sont rapprochés entre pays européens. De 1999 à 2009, le coefficient de variation des indices de prix est ainsi passé de 27% à 17% pour les biens et de 46% à 36% pour les services dans les 27 pays de l’Union européenne. Dans les pays de la zone euro, cet indicateur est passé de 15% en 1999 à 8 % en 2009 pour les biens, et de 30% à 24% pour les services. Les écarts de prix se resserrent mais des différences importantes subsistent, notamment dans les services qui ne sont pas des produits échangeables et donc beaucoup moins sujets à la concurrence que les biens.
(*) Fabrice Romans est analyste à la division Synthèses des biens et services de l’Insee.