L’affaire de quotas à la Fédération Française de Football n’en finit pas de faire des vagues. De nouvelles révélations montrent que la séance a été enregistrée par un de ses participants choqués par les propos entendus lors de réunions précédentes et l’on apprend, par Mediapart, que des cadres de la Direction technique avaient préparé des histogrammes sur les binationaux à partir de statistiques bricolées en partant des noms et de la couleur de peau des gamins engagées dans les écoles de formation (puisqu’il s’agit de cela : des enfants engagés dans les écoles qui forment l’élite footballistique de demain). Ailleurs, on parlerait probablement de racisme mais c’est là peu probable sauf à penser que les dirigeants du foot français sont masochistes. Depuis des années, ce sport emploie un très grand nombre de jeunes dont les familles sont originaires d’Afrique et jamais on n’avait entendu parler de racisme chez les professionnels (avec le public, il peut en aller autrement). Sans doute s’agit-il d’autre chose.
Je parierai pour une discrimination pour cause de marketing. L’équipe de France (car il s’agit d’elle et d’elle seulement) est censée représenter la France, celle au moins qui s’intéresse à ce sport. Elle est d’autant plus populaire que les spectateurs s’y reconnaissent : ses succès sont ceux de toute la France qui regarde les matchs à la télévision. Or, on peut imaginer qu’une équipe trop noire ait paru à ses grands argentiers, à ceux qui négocient avec leurs principaux pourvoyeurs de fonds, je veux dire les télévisions qui vivent de la retransmission des matchs, un handicap. Je ne serais pas surpris d’apprendre que les responsables de la FFF qui ont engagé ces démarches discriminatoires l’aient fait pour satisfaire une demande implicite ou explicite des télévisions, tel ou tel responsable d’une grande chaîne leur ayant dit dans une conversation, officielle ou informelle, qu’à avoir trop de noirs dans cette équipe on risquait de lasser ou d’agacer les téléspectateurs. Ce ne serait pas la première fois que la télévision intervient dans le fonctionnement de ce sport. Des horaires au jeu, les demandes explicites ou implicites des télévisions ont souvent été des ordres pour les professionnels (un journaliste sportif de France Culture (il y en a!) expliquait récemment dans un article publié dans Geste que la télévision avait ralenti le jeu).
Le silence assourdissant des responsables sportifs des télévisions sur cette affaire pourrait faire penser qu’ils ne sont peut-être pas si à l’aise que cela dans leurs baskets…