Martyrisé par ses camarades de classe, Kei décide de mettre fin à ses jours en se suicidant avec son ami Akira, qui subit la même chose. Pourtant, Kei survit mais pas Akira. Alors qu’il continue d’être le souffre douleur, il tombe par hasard sur une vidéo de combat de rue, où l’un des combattants écrase son adversaire. Kei découvre avec stupeur que ce champion n’est autre qu’Akira, surnommé maintenant « Bunen ». Pour savoir ce qui se passe, Kei décide de donner rendez au champion. Cependant, c’est un autre qui vient au rendez-vous, pour combattre. A ce moment, Kei n’a pas d’autre choix que de se battre.
Au vue du premier tome, Overbleed promettait beaucoup. Déception ou concrétisation?
Bizarrement classé dans la catégorie seinen, ce manga ressemble beaucoup plus à un shonen avec son héros qui évolue et des combats à la pelle par exemple. Over Bleed est violent, que ce soit pour ses combats ou pour ses dialogues. En effet, il commence par une tentative de suicide de deux amis, martyrisés par leurs camarades de classe. Mais pas de message d’espoir pour celui qui s’en est sorti puisque sa seule manière de sortir de ce cercle vicieux est la violence pure et dure. Toutefois, ce n’est pas le simple « souffrir ou faire souffrir ». Non, les combats apparaissent comme un manière de s’exprimer pour ceux qui se retrouvent dans l’impasse de leur vie sociale. Ainsi, Kei se lance dans cette expression à corps perdu et dévoile enfin ce qu’il avait au fond de lui: un bagarreur hors pair (qui flirte avec l’apparition d’une nouvelle personnalité).
Car oui, Kei change du tout au tout lorsque vient l’heure du combat, élément très important dans le dessin (la préparation est au début presque plus importante que le combat lui-même). Lui qui n’était qu’un souffre-douleur et un lycéen que personne ne remarquait, il devient le centre de toutes les attentions, grâce à ses incroyables talents pour le combat de rue. Le plus intéressant est la manière qu’il a de légitimer ce qu’il fait, alors qu’une partie de lui sait parfaitement que rien ne peut justifier de tels actes. Kei répond par la violence mais sans dialogue. Son passé est l’une des explications les plus logiques. Il s’agit pour lui d’une nouvelle vie, qui lui sert à exorciser son douloureux passé et à se sentir vivant et non plus l’obscur lycéen que personne ne remarque.
Néanmoins, sa motivation principale est tout autre: il veut savoir. Après avoir cru voir son défunt ami combattre, il décide de se mettre à la baston pour percer le mystère de ce fantôme. Elle s’efface toutefois petit à petit au profit de celle mentionnée plus haut. Non, il n’oublie pas le pourquoi de sa nouvelle vie mais la motivation n’est pas la même. D’ailleurs, Bunen (c’est à dire Akira selon lui) n’est plus vu comme l’ami qu’il pense avoir retrouvé mais bien le combattant qu’il doit abattre pour gagner la reconnaissance de tous et d’une certaine manière, sa liberté en se débarrassant des souvenirs du passé qu’il traîne. Et le tome 3 montre bien cette double pensée. Quand Kei découvre la vérité, le lycéen est soulagé mais le combattant n’en est que plus excité de se retrouver face à celui qu’il considérait comme son mentor virtuel ou son objectif vital (mais je ne vous dirai pas si c’est Akira ^^).
Je vais continuer sur la fin car elle est à double vitesse. En effet, si on ne se base que sur le héros et sa psychologie, elle est très réussie puisque totalement en adéquation avec le personnage complexe. Cependant, scénaristiquement parlant, elle est plutôt décevante. Décevante parce que trop en décalage avec l’histoire que nous expose le tome 1. Quand on apprend la vérité sur Bunen (qui peut-être l’autre nom d’Akira donc), on ne peut s’empêcher de penser « tout ça pour ça? ». A ce niveau, il aurait mieux valu rester dans le flou et voir Bunen comme un fantôme, ou le reflet de ce que Kei voulait être, sans avoir jamais oser le penser. Les réponses trop terre à terre sont parfois plus nuisibles au manga qu’une fin « ouverte ». Et c’est un peu le cas ici (heureusement que Kei sauve la machine).
Pour finir, le dessin qui est un point fort de ce court manga. Le coté exagéré des scènes de baston (ou le visage semble se déformer totalement), les traits appuyés lors de ces moments et le fait que les planches soient bien divisées et détaillées, donnent un résultat plus que satisfaisant et permette au manga de dégager une atmosphère à part. Les yeux ont une grand importance car ils expriment à eux seuls ce que chaque personnage éprouve. J’ai parfois eu l’impression de retrouver le dessin de Jackals (surtout les coiffures) mais si le dessin d’Over Bleed est plus crayonné (ce qui n’est pas une critique).
Over Bleer est un bon manga, qui aurait pu être excellent sans cette fin mitigée. De par la violence, tant pour l’histoire que pour son message, ce n’est pas un manga à mettre entre toutes les mains.