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Ceci n'est pas une histoire de dragons - Mathieu Handfield

Par Venise19 @VeniseLandry
Ceci n'est pas une histoire de dragons - Mathieu HandfieldDepuis le temps que je voulais encourager Ta mère, maison d’édition jeune et non subventionnée. Mathieu Handfield est à sa deuxième publication, après Vers l’Est, voici « Ceci n’est pas une histoire de dragons ». Personne n’oserait confronter la vérité du titre, il n’y est définitivement pas question de dragons mais bien de personnes différentes, en l’occurrence, un nain et un (trop) grand. On peut être grand mais comment peut-on l’être « trop » ? Par rapport à son environnement humain et matériel évidemment. Et voilà que cette histoire, pas de dragons, est lancée !
Il nous est tous arrivé un jour de dire « si je l’attrape, je l’égorge » ou « enfer et damnation à tous ces cons » ou, si on est d’un naturel plus pacifique, « calamité que je ne me sens pas conforme ». Vous êtes donc en mesure de comprendre le personnage de Napoléon, si grand que trop grand qui, un jour qu'il était assis dans un bar aux côtés d’un nain laisse tomber « C’est pas moi qui est trop grand, c’est le monde entier qui est trop petit pour moi ». La phrase n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd mais bien d’un nain, immensément riche, tellement riche qu’à l’orée de votre imagination vous ne pouvez même pas commencer à envisager jusqu’à quel point :
« ... j’ai amassé une fortune que j’ai réinvestie en informatique, en armement, en alimentation surgelée, et en pharmaceutique. En plus, je possède à moi seul la moitié de l’industrie du porno, la mafia me paie des redevances sur la dope et j’empoche une fraction de chaque sou qui entre dans n’importe quelle machine de loterie vidéo sur notre moitié du globe ».
Si vous me permettez l’expression, ce nabot, aux idées de grandeur décide que le plan de son nouvel ami « trop grand » est un défi de taille pour lui. À partir de là, nous assistons à un agrandissement du monde, et ce n’est pas une expression, c’est à prendre au pied du mot, et les monumentales conséquences qui s’enchaîneront.
Histoire assez loufoque comme vous l’avez sûrement deviné. Je dis bien loufoque, pas absurde, pour la différence que je fais entre les deux ; le loufoque étant pour moi du non-sens extravagant, amusant, un peu fou sur les bords. Tandis que l’absurdité pousse, de son poids léger ou lourd, sur une valeur, une idée, un principe. J’avoue avoir guetté l’ombre d’une valeur, idée ou principe. J’en ai trouvé des assez minces, et encore, je me demande s’ils tiennent la route. À moins que je n’ais rien compris, ce qui est loin d’être impossible !
Je me suis pourtant sérieusement interrogée sur la raison pour laquelle je n'embarquais pas plus dans cette histoire pourtant rondement menée, aux dialogues alertes, et au rythme exceptionnellement soutenu. Je pense que la prémisse, le grand malheur des « trop grands », ce symbole des mal adaptés à notre monde, n’a allumé aucune sympathie en moi. Trop grand ou trop petit, ou trop gros, ou quadraplégique, ou aveugle, ou trop vieux, on est tous pareils dans nos différences. Comme vous voyez, je m’acharne encore à y trouver un sens à cette histoire quand il faut probablement qu'en extraire la distraction par la situation et par les personnages poussés aux extrêmes de l’extravagance.
Pour les romantiques, on y trouve une histoire d’amour assez conventionnelle, malgré l’environnement qui ne l’est pas du tout. La dépression et son effet insidieux est décrite à grands fracas de drôlerie, l’ambition bête et méchante est probante et patente, le pouvoir, reposant sur la richesse seulement, exploité à outrance. Le bouleversement par l’échange des valeurs et des mesures bien décrit. Enfin, l’esclavage des zombies m’a rendu mal à l’aise (c’est bon signe !), tout en me rappelant le film « La truffe » du réalisateur Kim Nguyen.
Si vous n’avez pas peur de vous aventurer au-delà des frontières du confortable, prenez une rame et voguer sur les eaux de cette histoire abracadabrante.
Ceci n'est pas une histoire de dragons de Mathieu Handfield - Illustration de la couverture Benoit Tardif - Les éditions de ta mère

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