Cette députée européenne, fédéraliste fervente, a prononcé le 8 février dernier un discours à l'Université de Humboldt (Berlin).
Elle y vend le projet européen à l'Allemagne. Dans les deux sens : elle leur fait l'article pour leur faire miroiter les avantages de la construction européenne qui nous rend chaque jour plus forts mais aussi elle leur offre les clés de l'Union européenne, le pilotage de l'ensemble. Après tout, les partisans de l'Union ont renoncé à la démocratie, pourquoi pas en plus confier les clés du fourgon cellulaire à l'Allemagne - je serais allemand, je ne serais pas forcméent flatté.
Face donc à une certaine réticence allemande devant l'actuelle intensification du projet européen, elle leur propose un deal : acceptez un renforcement de l'intégration (et de vos responsabilités européennes) et vous aurez la première place au sein du nouvel ensemble.
Extraits de ces arguments :
La pilule à avaler :
Dominique Strauss-Kahn a déjà souligné – en tant que Directeur Général du FMI -, que l’UE avait besoin d’un agenda piloté de manière centrale, avec des politiques communes et un budget digne de ce nom. Aussi provocateur que cela puisse paraître en Allemagne, il a raison.
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Un peu de flatterie :
En tant qu’Etat membre le plus riche et le plus puissant de l’UE, l’Allemagne peut assez aisément imposer ses vues au Conseil européen et au Conseil des Ministres, au besoin contre la volonté des autres.
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La carotte :
Le « long chemin de l’Allemagne vers l’Occident » (Winkler) ne doit pas s‘arrêter à Karlsruhe. Il peut mener l’Allemagne à prendre la tête d’un processus de création d’une entité européenne unie.
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Nous devons admettre une faute commise ces dernières années. Sans doute n’est-ce pas un hasard si l’Allemagne se détourne de la méthode communautaire quand la Commission, avec ses 27 Commissaires, dont un grand nombre venant de pays plus petits que certains Bundesländer, a changé de nature. A l’avenir, nous devrions cesser de pratiquer le « politiquement correct » et réformer les institutions pour redonner à chacun le poids qui lui revient.
Pour quelle finalité ?
L'objectif de Sylvie Goulard est qu'entre France et Allemagne chacun appporte à l'autre, via l'Europe, ses qualités : "les Allemands pourraient peut-être aussi admettre, au contact des Français, la nécessité de penser parfois de manière plus globale et centralisée."
Je crois que cette dernière phrase est sans doute la plus extraordinaire. Au fond, ce que Goulard propose à l'Allemagne c'est de prendre la tête d'une Europe impériale. Elle veut créer un pouvoir centralisé à vocation globale. Elle croit se référer à Monnet et Schuman, elle est quasiment napoléonienne dans son expression.
Voilà une personnalité qui se moque de l'expression du suffrage, préoccupée qu'elle est de construire un pouvoir global et centralisé.
N'est-ce pas de ce nationalisme européen que nous devrions avoir peur ?