L'art d'être jolie - Numéro 10

Publié le 05 mai 2011 par Cameline

De quoi nous parle L'art d'être jolie en ce beau jour du 1er octobre 1904 ?

Au sommaire :

 Les supplices de la beauté. De cette article, les images en disent déjà longs, je les accompagnerais de quelques extraits de choix.

 Ce que disent les cheveux. Un article foisonnant de préjugés. Je vous en offre ici qui sont à frémir ...

 La fâcheuse acné. Vous en trouverez ci-dessous les recettes contre l'acné.

Mentons jolis.

 L'art d'engraisser. Quand les formes étaient à l'honneur.

Le geste charmant de la prière.

Beau visage, reflet de sage estomac.

   

  

Les supplices de la beauté

Si ce qu'on peut appeler la "culture de la beauté" n'emploie plus, comme dans le passé, des lotions composées d'huiles plutôt répugnantes et des pommades empestées, dont la seule application devait être un véritable supplice, les femmes qui, tenant à posséder quand même un "beau physique", entreprennent de corriger ce qu'elles peuvent avoir de défectueux, ou veulent à tout prix résister aux atteintes de l'âge, s'imposent souvent de véritables tortures.

La science moderne, extraordinairement ingénieuse, fait pourtant de son mieux pour parer à ces rigueurs ; mais, si l'on pénètre dans les coulisses de la beauté, on verra, non sans surprise, ce que coûte parfois de patience et même de souffrance physique la joie d'être belle.

Ce que disent les cheveux

Chaque partie du corps a son langage.

Un des points sur lesquels s'arrête le plus l'observation de la physionomie est la chevelure, sorte de végétation animale dont la peau est le champ et qui participe nécessairement des qualités du sol où elle se croit.

La nuance foncée du système pileux, ainsi que son abondance, indiquent l'énergie morale et la force physique.

La couleur claire ou blonde serait l'indice, hormis les exceptions, d'une force et d'une énergie moins développées, de passions tendres, d'un esprit et d'un caractère pleins de douceur.

Les cheveux roux nous feraient pressentir la violence, la jalousie, la fougue. D'autres fois, cependant, au contraire, les rousses seraient particulièrement patientes, douces, tranquilles et d'une bonté remarquable. Ces contrastes qu'offrent les personnes rousses ont donné lieu au proverbe vulgaire : Les roux sont tout bons ou tout mauvais.

Les cheveux très épais et très rudes seraient le signe d'un esprit âpre et difficile, d'un caractère opiniâtre et brutal. Les cheveux doux et fins montreraient de l'esprit et du caractère.

La fâcheuse acné - Remèdes pratiques

Lotions :

- I. Eau distillée, 30 gr. - Goudron, 20 gr. - Teinture de benjoin, 2 gr. - Appliquez légèrement le soir. Ne se laver que le matin.

- II. Carbonate de potasse, 0,25 centigr. - Eau distillée de thym, 75 gr. - Employez à chaud.

- III. Ether sulfurique, 5 gr. - Alcoolat de romarin, 15 gr. - Essence de fenouil, 1 goutte - Eau de laurier-cerise, 35 gr. - Appliquez légèrement le soir. Ne se laver que le matin.

Pommades :

- I. (Très violente, pour les cas aigus). Magister de soufre, 12 gr. - Soufre sublimé, 8 gr. - Alcool rectifié, 20 gr. - Eau distillée de roses, 15 gr. - Mucilage de gomme adragante, 6 gr. - Appliquez soir et matin.

- II. (Moins violente). Poudre d'acide borique, 30 gr. - Magister de soufre, 10 gr. - Eau distillée de laurier-cerise, 40 gr. - Mucilage de gomme arabique, 12 gr.

L'art d'engraisser

La maigreur est pour la beauté une ennemie encore plus redoutable que l'embonpoint, car l'un grossit les formes, exagère, empâte les contours, l'autre les aplatit, les dessèche et les réduit aux lignes anguleuses qui caractérisent la laideur.

Dans aucun pays du monde, la femme maigre, montrant la saillie de sa charpente osseuse, n'éveilla le désir, n'inspira le désir, n'inspira l'amour ; tandis qu'en Orient, les femmes matelassées de graisse passent pour être belles et sont très recherchées.

(...)

S'est-on assez moqué des femmes maigres ? Il n'y a pas d'épithètes désobligeantes qu'elles n'aient reçues, désolées, impuissantes, abattues, essayant en vain de cacher le dommage, de se capitonner de leur mieux. Hélas ! elles savaient qu'une heure vient inexorablement où tous ces enjolivements factices cherchés par elles doivent tomber, où leurs épaules décharnées, leurs bras squelettiques doivent émerger nus des corsages tombés, où, au lieu des courbes gracieuses, si charmantes, elles n'offriront que des angles, une quantité d'angles.

Et pourtant la maigreur, si elle n'est pas outrée, n'est pas sans charme. Une femme "mince", aux formes graciles, peut être séduisante.

Les grands couturiers, maîtres en l'art de parer les corps féminins, firent même, ces derniers temps, triompher une mode qui mettait surtout en valeur les femmes maigres, les avantageant joliment.