Chef de clan

Publié le 05 mai 2011 par Malesherbes

Affichant sa morgue habituelle, le doucereux M. Guaino déclarait l’autre jour ne rien trouver d’anormal à ce que le président de la République nomme les personnalités dirigeant certaines entreprises clés de notre pays. Il se trouve légèrement plus démocrate que ceux qui lui accordaient ce droit en tant que propriétaire. Mais il se fourvoie quand il feint de considérer que 40% de votes favorables à de telles nominations constituent une majorité.

Pour l’essentiel, il nous abuse. Un président ne peut revendiquer les droits que Nicolas Sarkozy s’arroge seulement lorsque ce président se comporte en président de tous les Français, et non en chef de clan. Un président qui désigne le secrétaire général de l’UMP (aviez-vous remarqué que le poste de président de l’UMP avait disparu, sans doute pour ne pas faire d’ombre à celui qui remplit cet office sous le déguisement d’un président de la France ?), un président qui participe aux assemblées de cette même UMP, un président qui réunit les députés de la majorité pour leur délivrer ses messages n’est plus qu’un chef de parti. Et même, lorsque l’on observe le comportement de certains de ces élus, un chef de bande.

Lorsque notre Constitution, violée à satiété depuis 2007, était respectée, le président de la République, légitimé par le suffrage universel, se soumettait à sa loi et choisissait comme chef du gouvernement un des responsables de la majorité sortie des élections législatives. C’est ainsi que François Mitterrand avait pris en 1986 Jacques Chirac comme premier ministre et, en 1993, avait nommé à ce même poste Edouard Balladur. Tout comme, en 1997, Jacques Chirac s’était tourné vers Lionel Jospin. Sur ce point, rien dans la Constitution n’a été modifié. Seule la pratique de Nicolas Sarkozy l’a dépouillé de son état de président de tous les Français.

Et que l’on n’essaye pas d’objecter que tel ou tel de ses prédécesseurs ait pu s’écarter parfois de ce rôle. Ce n’est pas parce qu’il y a déjà eu d’autres voleurs qu’un voleur cesse d’être un voleur.