Lundi 25 Avril 2011 9 H 00
« Bientôt 2 heures que ce cauchemar a débuté…je n’arrive plus à parler, mon coté gauche reste figé sans pouvoir réaliser le moindre mouvement…j’entends la sirène au loin…ils sont assis à coté de moi : mes enfants, ma femme, ils me parlent et je ne peux le répondre, je vois dans leurs visages livides…la peur… »
L’ambulance des pompiers est arrivée au bas de la rue au même moment que le véhicule léger de l’équipe mobile du SAMU : sirènes hurlantes, gyrophares bleus, les voisins qui regardent dans la rue, tout va vite. Les secours montent les escaliers en courant : 3 étages, lourdement équipés de l’oxygène, du défibrillateur, la trousse de réanimation, la valise pleine de médicaments
« Tiens-bon Grégory, ils arrivent, ils sont là, je t’aime … tiens bon je t’en supplie»
« Je ne sens plus rien, un nouveau malaise reviens, cette fois différent, comme si plus rien n’avais d’importance, je me sens bien, je n’ai plus mal à ma tête, plus de peur…mon regard se fige sur celui de mon épouse… je m’en vais…mes lèvres bougent pour lui dire adieu mais je ne peux pas articuler… je t’aime…un son très loin…une lueur puis les ténèbres, je suis en train de partir, mon dernier souffle, je ne sens plus mon cœur…»
« Grégory, non, Grégory, je t’en supplie, reste avec moi, sauvez-le je vous en supplie… » Au bord du malaise, sa femme se retourne vers la porte d’entrée qui est restée grande ouverte comme le lui a demandé le régulateur et vois surgir en courant l’équipe du SAMU…
« Vite, vite, je vous en supplie il ne respire plus, je ne sais plus quoi faire…s’il vous plait, vite… »
« Ecartez-vous, Madame, nous allons nous en occuper… » En une fraction de seconde, le médecin a compris le drame qui se déroule devant ses yeux : il ne perçoit aucun battement cardiaque ni aucun mouvement respiratoire. Le diagnostic est simple mais tragique: c’est un arrêt cardio-circulatoire.
Des gestes mille fois répétés, il arrache la veste de pyjama, pose deux électrodes raccordé au défibrillateur. Sur l’écran s’affiche l’électrocardiogramme avec un tracé anarchique : des pointes rapides et irrégulières à plus de 200 par mn : « c’est une fibrillation ventriculaire, tous le monde s’écarte, on choque : 1er essai à 200 joules», dans un silence total, les accumulateurs se chargent accompagné d’un sifflement qui dure 5 secondes, le choc est délivré, la poitrine de Grégory se décolle du sol.
Nouvel analyse de l’électrocardiogramme, le même tracé toujours aussi anarchique…Grégory est en arrêt cardiaque depuis 45 secondes. Dans un silence total, le médecin prononce ces quelques phrases « Massage cardiaque, pose d’un cathéter, 10 litres d’oxygène, un sérum glucosé ,50 mg de XYLOCAINE et 1ampoule d’AMIODARONE » Dans une cérémonie bien réglée, l’équipe s’affère : pendant que l’oxygène est délivré par le pompier, une infirmière enfonce l’aiguille d’un cathéter veineux au pli du coude raccordée à une perfusion, l’autre bras est relayé à un tensiomètre.
Le médecin applique ces deux mains et appuie fortement sur le thorax de Grégory : 2 pressions par seconde. Des ampoules sont brisées, le liquide est prélevé dans des seringues puis injecté dans la perfusion.
L’épouse de Grégory est pétrifiée, ses enfants sont à coté d’elle, elle assiste à la scène impuissante, n’arrive pas à parler, les larmes coulent sur ses joues, elle prie « je vous en supplie, sauvez le…sauvez-le… »
« Nouveau choc à 300 joules…on s’écarte… » Le même sifflement strident puis le choc qui décolle la poitrine…le silence, les regards posés sur le scope et le tracé qui reste inchangé avec les mêmes pointes qui se succèdent de façon anarchique.
« On continue le massage… je passe un bilan» d’un geste vif le médecin sort son portable, son visage est fermé, il transpire : « la régulation : on est sur les lieux, il s’agit d’un homme de 45 ans en arrêt cardio-circulatoire sur fibrillation ventriculaire qui ne se réduit pas après 2 chocs, faite partir l’hélicoptère avec un anesthésiste et du matériel de déchoquage »
La réanimation a débuté il y a 4 mn…
A suivre…pour connaitre le 5éme épisode soutenez DETECT et PROTECT