Voyages de nuit :Controverse autour d’un projet

Publié le 05 mai 2011 par 237online @237online


Les avis sont partagés sur la question de l'interdiction des voyages de nuit. Et ils mettent le gouvernement devant un dilemme.
Gare routière de Brazzaville (Douala), vendredi 29 avril 2011 aux environs de 23h. Deux femmes s'apprêtent à emprunter le car pour l'Ouest Cameroun. Dans leur conversation, il ressort que le fait pour elles de prendre la route à cette heure, leur semble favorable, parce que disent-elles, elles vont arriver très tôt le matin. Par contre, deux hommes en partance pour Bangangté, cogitent sur la menace gouvernementale de suspendre les voyages de nuit.

Ils sont surpris par la présence du reporter de La Nouvelle expression. L'un d'eux est favorable à la mesure du ministre des Transports, qui, d'après lui, viendra diminuer le nombre d'accidents. «Plusieurs accidents sur nos routes surviennent dans la nuit à cause de la fatigue des conducteurs», affirme-t-il.

L'autre ne voit pas les choses de la même manière. Selon lui, les pouvoirs publics doivent prendre leur responsabilité en mettant chaque chose à sa place. «Voyager dans la nuit ne pose aucun problème. Il faut simplement qu'au départ des véhicules dans les agences autour de 23h30, que les chauffeurs passent au test d'alcool. S'il est établi qu'ils sont en état d'ivresse, on le remplace par un autre qui est dans un état normal», explique-t-il.

Fouille systématique

Nicolas Feuyang, conducteur de moto dans la ville de Douala, pense qu'il ne faut pas interdire les voyages de nuit. Pour lui, il faut que les ventes à emporter qui ont pignon sur rue dans les gares routières, soient suspendues ; et que les passagers et leurs bagages fassent l'objet d'une fouille systématique. «Dans les gares routières j'ai constaté que pendant que les chargeurs s'affairent au chargement, les chauffeurs sont dans les bars pour consommer de l'alcool. Ils reviennent lorsqu'ils constatent que le car est plein. Dans cet état d'ébriété, il est possible qu'ils soient à l'origine d'éventuels accidents. De nombreux passagers tombent également dans ce coup en inhalant trop d'alcools. Au cours du voyage, tout le monde tombe dans un sommeil profond. Et il n'y a plus de contrôle», défend-il son point de vue. Cette position est aussi partagée par René Nana, comptable de formation, qui effectuait ce week-end-là un déplacement dans la région de l'Ouest.

D'après lui, on ne devrait pas empêcher les voyages de nuit parce que les gens s'y sont déjà habitués. Seulement, il précise que des mesures doivent être prises pour interdire aux chauffeurs d'effectuer successivement deux voyages. Il déplore aussi la mauvaise qualité des routes. Pourtant la mesure gouvernementale semble avoir été respectée à Yaoundé ; d'après nos informations. Les gens qui prenaient part à un enterrement à Balengou samedi dernier dans l'arrondissement de Bazou, ont apporté un témoignage dans ce sens. «Nous sommes partis de Yaoundé à 4h au lieu de minuit comme d'habitude. On nous a dit que les voyages de nuit sont interdits», ont-ils témoigné.