Métaux précieux: Le Cameroun veut monétiser son or

Publié le 05 mai 2011 par 237online @237online

A travers le projet dénommé «opération gold», l'Etat veut renforcer et sécuriser ses réserves à la Beac. L'enjeu est énorme. Au cours des dernières années, le prix de l'or s'est envolé sur le marché international. Désormais placé au cœur du système monétaire international, le métal précieux connaît une tendance haussière qui donne à l'once (31,1grammes) une valeur de 1450 dollars, soit environ 220 000 Fcfa le gramme sur les places boursières internationales. Suivant les prévisions des analystes du secteur, le cours du métal pourrait dans les mois à venir franchir la barre des 2000 dollars, soit près d'un million de Fcfa.
Tous ces paramètres, mis bout à bout, ont décidé les autorités des ministères de l'Industrie, de l'Economie, des Finances et de la Banque des états de l'Afrique centrale (Beac), à travers «l'opération gold», à canaliser le volume de la production informelle dans les circuits formels, question de renforcer et de sécuriser les réserves d'or du Cameroun à la banque centrale. «Le fait de disposer d'une réserve d'or a un impact financier sur l'économie d'un pays», explique Paul Ntep Gweth, coordonnateur du cadre d'appui et de promotion à l'artisanat minier (Capam).
Au Cameroun, dans les grands bassins de production de l'or qui se trouvent pour l'essentiel dans la région de l'Est, c'est environ 1800 kilogrammes d'or qui sont extraits chaque année. Seulement, 90% de cette production sont vendus dans les circuits informels. Une situation qui profite aux monnaies étrangères, soutenues par la contrebande et le commerce illicite du précieux métal, et met en difficultés les réserves d'or du pays à la Beac. Le projet opération gold permettra donc selon Badel Ndanga Ndinga, ministre des Mines, de l'industrie et du développement technologique, de canaliser 70% de cette production, soit environ 1,5 tonne à la Beac chaque année.
Ce qui représente environ deux milliards de Fcfa. L'opération qui consiste en la transformation monétaire de l'or c'est-à-dire en 24 carats soit 99,99% d'or, permettra la mobilisation des financements devant aboutir à la réalisation plusieurs projets structurants en cours dans le pays. «Quand un pays dispose de l'or, il bénéficie des droits de tirages spéciaux qui sont la combinaison de quatre monnaies le dollar, la livre sterling, le deutschemark et le yen. Donc plus on a de l'or plus on peut avoir droit aux tirages et plus on a des capacités de mobilisation des financements», précise le coordonnateur du Capam.
Par cette opération, le Cameroun envisage d'être la locomotive en Afrique centrale en matière de réserves d'or. Car, d'après les responsables du projet, une once d'or déposée à la Beac entraîne des effets bénéfiques importants au niveau de la circulation des fonds. C'est ainsi par exemple qu'au cours de l'année 2008, les Etats-Unis ont fait circuler environ 40 000 dollars chaque fois qu'ils déposaient une once d'or à la réserve fédérale américaine, alors que sur le marché international, son prix était de 1000 dollars.
Même si les chiffres sur le volume des réserves actuelles du Cameroun à la banque centrale ne sont pas communiqués, les autorités espèrent que l'opération, étalée sur la période 2011-2016, va générer 850 milliards de Fcfa sur cinq ans. Pour sensibiliser les acteurs sur le processus de monétisation du métal précieux dont les impacts financiers sur les collectivités territoriales décentralisées et la création d'emplois vont se démultiplier, un atelier a été organisé à cet effet au Hilton hôtel de Yaoundé le 13 avril dernier.