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José Le Moigne .

Par Ananda

ECHOS DE L'ÎLE.

Quand l’orage tend ses griffes

vers l’acier gris des coques

sur l’île une lumière

scintille entre les dunes

ils gouvernent vers elles

scrutant derrière les rives

les visages masqués

des anciens naufrageurs

 

   *

 

Voici qu’ils s’agenouillent

et   voici qu’ils se lèvent

des marbrures de sel

irisent leur regard

sur l’île pas d’oiseaux

hormis les cormorans

   *

L’île a des racines

profondes sous la mer

l’horizon n’enclot pas

la patience des algues

ils brûlèrent leurs armes

à la chute du jour

   *

Ils baissèrent la tête

au passage des cygnes

l’odyssée des nuages

ne les concernait pas

maintenant ils savaient

qu’ils ne parleraient plus 

   *

Des flaques de lichens

s’accrochent aux rochers

Le vent le plus souvent

hurle son monopole

sur l’île on ne craint pas

la chute des miroirs

   *

Pas de printemps sur l’île

ni d’hiver ni d’été

simplement des journées

à vivre par devers tout

arrimé aux ramures

mugissantes du houx

   *

Venus du clair de lune

ils sculptaient le ressac

sur leurs lèvres d’argile

puis ils tournaient le dos

puis ils lâchaient les chiens

   *

Ils ne renonçaient pas

à construire des gibets

mais quand ils se croisaient

dans l’ombre des fontaines

c’était le choc lourd

des bêtes de combat

   *

Sur l’île

dans l’île

et hors de l’île

la mort est du domaine

des planètes conquises

   *

J’ai le regret de l’île

humaine et comme indépendante

fruit centré sur l’espace

où viennent s’abreuver

les chevaux de l’exil


in Poèmes du sel et de la terre

Editions L'arbre à paroles

Belgique

12 euros

[email protected]


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