Les méthodes de communication de notre président Nicolas Sarkozy ont ces derniers mois été à de nombreuses reprises analysées, disséquées. Critiquées par certains, encensées par d’autres, une sorte de consensus est néanmoins apparu autour de certains points et notamment l’usage du storytelling à l’américaine.
Difficile pourtant de trouver sur le net une définition précise de ce que recouvre le storytelling, terme encore parfois méconnu ici mais en vogue depuis de nombreuses années outre-Atlantique. Pour faire simple et rester neutre, on peut définir le storytelling comme le recours à des procédés narratifs proches du mythe ou de la fiction, ou encore l’art de raconter une histoire pour présenter un projet, clarifier un point, défendre un point de vue ou encore cristalliser certaines idées. L’idée qui sous tend le storytelling est la suivante : un discours (politique ou managérial) ne touche que s’il apparaît comme une histoire héroïque. Ainsi, pour revenir sur notre Président, il est amusant de constater, comme certains l’ont déjà fait, que la plupart de ses actions politico-médiatiques peut être rapprochée d’une série américaine de La croisière s’amuse à l’issue de son élection à 24 heures chrono pour la libération des otages bulgares en Lybie.
On peut critiquer le procédé comme le font beaucoup de détracteurs de Sarkozy, le trouver agaçant et excessif. Toujours est-il qu’il me paraît en réalité très proche de ce que nous, « professionnels » de la communication corporate, faisons au quotidien. Le discours corporate peut en effet très souvent se résumer en une histoire que l’entreprise cherche à raconter à son audience, avec ses héros (les salariés), ses méchants (l’environnement concurrentiel), ses rebondissements (les contrats, les retournements de marché) avec pour tous l’espoir d’un happy end. Et ce sont bien ces histoires que nos supports corporate essaient de raconter, avec plus ou moins d’emphase et de culot.
Les difficultés récentes de la Société Générale sont ainsi un magnifique sujet pour le storytelling, à mi-chemin entre Spiderman, Candy et Ocean Eleven, avec ses super héros des temps modernes (les traders dans un monde obnubilé par le pouvoir d’achat), ses méchants (Kerviel peut-être, les "prédateurs" qui veulent avaler la Sogé plus certainement) et ses gentils (les salariés attachés à la Sogé et dont les primes seront fortement grevées cette année).
Du pain sur la planche pour les communicants dans les prochaines
semaines !
Stanislas Haquet