L’auteur
Pierre Jourde est un écrivain et critique français né en 1955. Il enseigne la littérature à Valence.
Il a écrit des pamphlets (le dernier en date : C’est la culture qu’on assassine) contre les médias, des essais sur la littérature moderne, de la poésie, des récits et romans.
Il tient depuis janvier 2009 le blog Confitures de culture où il publie régulièrement ses prises de position sur des sujets de société.
La collection
La maison d’édition Les allusifs a lancé une nouvelle collection qui s’appelle « Les peurs » et propose donc cet exercice de style, Pierre Jourde est le premier à « se prêter au jeu. »
Le livre
Pierre Jourde nous parle ici des peurs qui l’assaillent avant de dormir dans un lieu inconnu et qui lui rappellent sa peur enfantine des cauchemars. Il évoque ainsi le poids du passé et interroge son inconscient et sa part d’humain et « d’inhumain ».
Ce que j’en ai pensé
Ce livre m’a retourné le cerveau. Il m’est très difficile d’en parler sans le vider de son sens et de sa force. En très peu de mots – 87 pages – mais extrêmement précis, l’auteur parvient à créer un texte hautement littéraire et psychanalytique. Chaque phrase résonne en moi.
Morceaux choisis
Je n’ai aucune raison concrète d’avoir peur, mais je redoute que cette raison survienne. Tout entier dévoré par l’attention, je ne cesse de guetter ce qui la justifierait. Il n’est pas possible qu’un tel silence, qu’une absence aussi profonde ne finisse par engendrer un pas. Comme par nécessité, ce quelque chose, cette trace ou ce signe de quelque chose qu’est le pas naît de l’excès de rien.
Je me raconte que cette peur aurait quelque chose à voir avec le silence dont parle Pascal. La maison nocturne serre entre ses murs un condensé de ce silence. Elle ne s’oppose pas à l’infini, au chaos sidéral, elle en rassemble une portion individuelle. S’endormir, c’est rendre absolu ce silence, lui donner toute sa puissance.
Lorsqu’on a éprouvé ce genre de peur, lorsqu’on sait y être sujet, on a instillé en soi un poison qui ne cessera de ronger l’amour-propre. La peur ne laisse rien intact. Elle déshabille de la dignité, de la raison, de la confiance, de la volonté, elle met à nu, totalement.
Le site consacré à l’auteur
Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille de lire cette analyse.
Merci aux éditions Les allusifs pour ce livre