Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont longtemps été essentiellement perçues comme un vecteur de productivité et de bien-être évident, mais cette image est depuis quelques temps enrichie par une nouvelle facette. En effet, face aux enjeux environnementaux, les TIC représentent, pour bon nombre de spécialistes, un pilier majeur de la nouvelle stratégie occidentale de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Evident pour certains, difficile à mesurer pour d’autres, la seule certitude reste que l’état de l’art est largement et facilement perfectible. Pour ce faire, il existe deux leviers d’action : l’optimisation et la dématérialisation. Ces deux grands axes pourraient, en effet, permettre une meilleure gestion des externalités environnementales.
L’optimisation, ou écoTIC 1.0, vise à réduire la consommation énergétique des systèmes informatiques. Cette phase se traduit par l’adoption de comportements vertueux, de savoirs-faire astucieux ou d’innovations techniques. Ainsi on pourrait citer le cas de Ford qui a récemment commandité une étude qui conclut que, si le groupe adoptait la seule mesure de couper ses ordinateurs chaque nuit, il pourrait économiser 1,2 million de dollars par an et permettre une diminution de 16 000 à 20 000 tonnes de ses émissions de CO2 (l’équivalent de 6 400 A/R Paris - New York en avion ou 38 millions de kilomètres en voiture).
La dématérialisation, ou écoTIC 2.0, vise en revanche à substituer des pratiques «polluantes» par l’utilisation des technologies de l’information. L’exemple le plus souvent cité est le télé-travail. En France, on estime qu’un employé parcourt, sur le trajet domicile-travail, en moyenne 26 kilomètres par jour. Si les salariés travaillaient en moyenne 2 jours par semaine à leur domicile, cela induirait un gain direct de plus de 800 kg de CO2 par personne et par an, soit près de 10% du bilan carbone d’une personne. Autre illustration : le co-voiturage. Si le concept est simple, la réalisation est bien plus délicate. Sans les sites web, qui permettent de mettre en relation l’offre et la demande, il est impossible de diffuser largement le procédé.
En marge des espoirs que suscitent les écoTIC, il existe des effets rebonds qui viennent nuancer leurs impacts positifs. L’exemple le plus révélateur est celui des écrans LCD. Connus pour consommer moins que leurs homologues cathodiques, leur essor a finalement été accompagné par une augmentation moyenne de la consommation des téléviseurs due à la hausse de la dimension des écrans. Un écran LCD consomme moins mais uniquement à taille égale ! Une écoTIC sera donc d’autant plus performante si elle prend en compte ces effets secondaires, qui par définition sont inattendus et donc difficile à prévoir.
Les écoTIC entrainent, malgré tout, un enthousiasme croissant et ne manquent pas une occasion de faire parler d’elles. Les «start-up vertes» sont de plus en plus nombreuses, les plus grands cabinets de conseil adaptent progressivement leurs offres et même l’Etat Français s’intéresse de très près à la question. Solution globale ou cache-misère, la question reste ouverte. Cependant, face à la mobilisation requise par le sevrage progressif des énergies carbonées, il apparaît évident que les TIC devront se mettre au vert et fournir leur part de l’effort.
Cet article a été publié dans le numéro 106-107 de la revue Terminal sous le titre « Zoom sur les Eco-TIC ».