La réunion d’hier au Conseil de Sécurité à propos de la libye (lire ici) a été l’occasion pour la Chine et la Russie de montrer leur mécontentement face à la manière dont la coalition met en oeuvre la résolution 1973.
“La Chine n’est pas en faveur d’une interprétation arbitraire des résolutions du Conseil de Sécurité”. C’est de cette manière que Li Baodong a exprimé le point de vue de son pays qui accuse clairement la France, l’Angleterre et les USA d’outrepasser leurs droits et de sortir du cadre de la résolution 1973 (lire ici).
De son coté, la Russie s’est alarmée du nombre croissant des victimes des bombardements de l’OTAN et déclaré que “toute utilisation disproportionnée de la force est innacceptable” (lire ici).
Mise sur la défensive, la France n’a pu que répondre que la communauté internationale se devait d’intervenir en Libye.
En marge de la réunion du Conseil de Sécurité, James Appathurai, un porte-parole de l’OTAN a reconnu qu’il y avait peu de progrès réalisés sur le terrain et déclaré que l’ONU devrait adopter une nouvelle résolution pour autoriser une intervention au sol (lire ici).
La réponse russe a été cinglante “si quelqu’un veut une nouvelle résolution, bienvenue au Conseil de Sécurité. Nous discuterons et essaierons de comprendre ce qui est planifié ici. Car les disgressions par rapport au mandat auxquelles nous assistons en ce moment nous servent de leçon” (lire ici).
De son coté, Gareth Evans, ancien ministre des affaire étrangère anglais, a déclaré lors d’une conférence que la coalition outrepassait son mandat et que le risque était un retour en arrière sur la doctrine de “responsabilité de protéger”, principe qui a servi de base à la résolution 1973 et qui pourrait être écarté lors de prochaine discussions au Conseil de Sécurité au vu de l’expérience libyenne (lire ici).
En résumé, la situation est la suivante :
- L’intervention militaire conduite par l’OTAN s’enlise et a peu de chance d’aboutir sans troupes au sol.
- Sur le front diplomatique, la coalition est de plus en plus isolée et n’obtiendra aucun pouvoir supplémentaire de la part de l’ONU.
- Le noble principe de “responsabilité de protéger” est taillé en pièce par les méthodes de la coalition et est en passe d’être jeté aux oubliettes.
La coalition a donc maintenant devant elle deux options :
- demander à son “protégé” (la mission de l’OTAN s’appelle “protecteur unifié” il fallait le faire !), le Conseil National de Transition, d’accepter la discussion sur un cessez le feu au risque de perdre tous les bénéfices attendus en terme de contrats et de maitrise du prochain gouvernement libyen.
- poursuivre son forcing sur la résolution 1973 et trouvant des manière plus ou moins affichées de la détourner et d’envoyer des troupes au sol, ce qu’elle a commencé à faire.
Vu ce qu’elle a à perdre sur le plan économique et géopolitique, nuls doutes que la coalition va choisir la voie de la guerre.
Pendant ce temps, la Chine et les pays arabes poursuivent leur rapprochement. Yang Jiechi, le ministre des affaires étrangères chinois participait à la dernière réunion du GCC (Golf Council Coopération). A propos de la Libye, Il a déclaré que la Chine avait toujours rejeté l’usage de la force dans les relations internationales et qu’elle soutenait tous les efforts pour sortir de la crise par le dialogue et la négociation (lire ici).
D’un coté des puissances économiques déclinantes, cherchant à s’accaparer leurs ressources par la force, et de l’autre une puissance montante, proposant le dialogue et le commerce, on se demande bien vers qui vont se tourner les pays arabes et africains dans les prochaines années.
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