Soporifique en conférence de presse, c’est un véritable combattant durant les matches, il ne laisse rien au hasard et les joueurs doivent l’écouter à la lettre. Mais ce n’est pas suffisant. Il a su conquérir les sénateurs, surtout Gattuso et Seedorf tout en motivant tout le groupe. Il a très bien géré des gars comme Ibra sans endommager le groupe. Mais cela non plus ne suffit pas.
Allegri a changé d’équipe un nombre incroyable de fois, à partir d’un été mouvementé jusqu’à arriver à la première journée parfaite de championnat. Le lendemain, il avait Ibra et Robinho en plus dans l’équipe et cela a radicalement transformé toutes les théories et les positions. Il a géré Dinho comme il a pu et n’a pas hésité à imposer ses choix tactiques et techniques au groupe, sans pitié ni préférences envers les sénateurs. Rigidité et élégance, deux qualités qui lui ont permis de gérer des situations parfois délicates comme la gestion de Pato durant ses moments difficiles ou d’autres joueurs en difficulté à un moment de la saison. Il n’a pas hésité à exclure Seedorf de ses plans pour ensuite le réintégrer pour l’utiliser comme arme fatale en fin de saison. On a joué sans vrais défenseurs latéraux mais il a parfaitement complété l’apprentissage d’Abate dans son nouveau rôle. On a joué même sans milieu de terrain et l’équipe ne l’a pas trop ressenti. On a joué avec un milieu offensif, deux, voire trois simultanément ou même parfois aucun. Allegri a parfaitement intégré les nouveaux arrivés comme Cassano dans son rôle plus défilé, Van Bommel comme patron devant la défense où il est devenu inamovible. L’entraineur milanais a battu tous ses concurrents directs et a toujours visé un jeu solide mais prolifique.
Cela faisait longtemps que Milan n’avait plus la meilleure défense : cette année, c’est le cas, et de loin. Et pourtant seuls Thiago Silva et Yepes sont internationaux. Mis à part les difficultés en championnat après l’élimination décevante en Champions League, Milan a disputé une saison impeccable. Allegri a su tirer le meilleur de ses joueurs, il est resté serein en toutes circonstances et a su relever le groupe lors des moments délicats, surtout le plus délicat après Bari et Palermo, durant la pause et juste avant le derby de toutes les peurs. Ce moment de la saison doit être rappelé car il était fondamental. Milan avait peur et venait de laisser passer une grande opportunité de prendre le large au classement, en subissant un match nul très décevant à domicile contre une équipe déjà condamnée. En cas de défaite lors du derby, Milan se serait probablement écroulé, comme l’a fait l’Inter. Le moment semblait critique, Allegri a alors subi les critiques (de moi y compris) car l’équipe semblait à la dérive mais il a su affronter et analyser la situation de manière très calme et lucide. Il a transmis sa confiance et sa détermination au groupe, qui a réagi et s’est envolé vers le titre.
De plus, l’attitude d’Allegri est restée irréprochable tout au long de la saison. Toujours très calme, il s’exprime avec un ton réfléchi, son sourire est sobre et il est convaincu de diriger l’équipe la plus puissante et plus fiable d’Italie. Jamais une polémique, son attitude est classe, un style qui colle bien à l’image que veut renvoyer Milan. Un style qui le distingue de ses collègues. Au moment le plus difficile de la saison, beaucoup d’entraineurs auraient réagi en attaquant la presse, en préférant l’éviter et envoyer leur second aux conférences de presse. Lui non, il est resté tranquille, il a salué la presse et a expliqué ses choix. Les journalistes ne sont tout de même pas gênés pour le mettre en difficulté avec des questions épineuses mais Allegri a d’abord défendu l’équipe puis a expliqué la raison pour laquelle il restait serein. On parlait de Scudetto à risque, d’un parcours difficile mais Allegri a réussi : il a pris l’équipe en main, a imposé ses idées, ses valeurs et a été suivi par tout le groupe. Pourtant, le risque était grand car réussir à gérer d’un si grand nombre de champions de la part d’un entraineur qui n’avait jamais rien gagné était loin d’être évident. Les joueurs eux-même, en doutaient (silencieusement) à son arrivée… Il a géré tout le groupe, les sénateurs, les jeunes émergents et les nouveaux arrivés. Le résultat est éclatant. Le voilà maintenant à un pas de la gloire. Il est sur le point de lancer un nouveau cycle, toujours avec le style Milan : une attitude à des années lumières des styles beaucoup plus extravagants de Mourinho, son apprenti raté Leo et Mazzarri. Un style totalement différent de celui du Special One qui préfère utiliser la haine et la colère pour se faire remarquer, ou Mazzarri qui aime créer des polémiques. Pas besoin d’être un Special, d’être un personnage excentrique pour emmener son équipe vers un titre…
Le bilan est clair : Milan commande la Serie A depuis le mois de novembre et compte 8 points d’avance sur l’Inter à 3 matches du terme de la saison. Allegri a totalisé 4 points de plus que l’Inter de Mourinho la saison passée. Il se prépare à remporter son premier titre dès son arrivée, comme Sacchi et Capello (Ancelotti a gagné lors de sa première saison complète après avoir remplacé Terim en cours de saison). On peut juste conclure ainsi : Merci à Allegri et on a un souhait : qu’il n’attrape pas le melon. On a d’autres objectifs à viser, d’autres émotions à vivre. Des objectifs merveilleux. Des objectifs Rossoneri.
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