Veeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeert...

Par Hunterjones
...Jauuuuuuuuuune rouge et BleuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuJ'aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Le soleil dans les yeuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuxAvant
d'nous faire ses adieux, ché pus quel de nous deuxQui
va baisser les yeux, I'vient de commencer 
à descendre, avant de se rendre
Y'va nous montrer ses couleuuuuuuuuuuuuuuuuurs
Comme si y'avait eu peur
Y'est allé rougir ailleurs.
Ce n'est pas seulement l'une des plus sensationnelles chansons du répertoire québécois.
C'était aussi moi l'autre tantôt.
Je ramassais la perche autour de la piscine et la tenait debout contre mon épaule, le filet au dessus de ma tête. Il ventait à en écorner les vaches. Des restes des tempêtes qui sévissent aux États-Unis. Comme voilà trois fois que je retarde ma coupe de cheveux puisque je dois me magasiner un nouveau salon de coiffure, j'avais les cheveux très très longs. Du type Christopher Letang. Si longs que le vent me punissait en faisant fouetter ma tignasse partout dans ma face. J'étais au téléphone avec Billybob Brunswick et nous discutions justice (la série Mtl/Bos-les grands enjeux). Donc, une main qui tient le téléphone, une autre qui tient légèrement la perche appuyée sur mon épaule, l'une des deux qui tasse perpétuellement les poils qui balaient mon visage. Une chorégraphie absurde et épuisante.
Bien assez vite le vent s'est saisi du filet de ma perche et a choisit de l'envoyer dans ma piscine. L'eau de cette dernière est de couleur verte. Pas le beau vert de l'oeil de la belle. Non, le vert foncé du marécage. La texture de l'eau rappelle aussi une nappe d'huile. On se croirait dans les Everglades. Je verrais la tête d'un alligator pointer que ça ne me surprendrait pas. La couleur et la texture de l'eau de ma (sale) piscine me rappelle la photo sur ce prospectus qui nous parlait des eaux mortes et du Virus du Nil.
J'ai bein essayé de rattraper la perche, j'ai sauvé le téléphone en le tirant loin de moi et ai perdu pied. Non je n'ai même pas eu le luxe de faire une belle vrille, juste un petit saut de matante poussée dans le creux. Un bond très poche. Un amorti sacrifice.
Plus poche encore, la texture de cette eau dormante depuis septembre 2010 était si pétrolière que j'ai eu l'impression de tomber dans une pot de peinture en acrylique. Un petit saut de crapaud bête en plein potage aux épinards. Bien que la piscine n'était pas pleine, j'étais suffisament dans le creux pour que le potage m'enveloppe entièrement. J'en suis resorti beaucoup plus lourd...et vert...
J'en suis resté si saisi que je n'ai rien fait sinon de rester stupéfait. Abasourdi prêt de ma piscine. Je ne pouvais aller nulle part de toute façon. J'étais dégoulinant de toute sorte de matières décomposées, des feuilles surtout. Des feuilles qui alourdissait ma tête chevelue et me donnait presqu'un afro. Quand mes enfants sont revenus de l'école ils ont poussé un cri. Monkee m'a reconnu par le blanc de mes yeux mais Punkee a crié "UN MONSTRE!" en me voyant me faire sécher au vent. Effectivement, une fois séché et capable de me voir un brin dans le reflet de la fenêtre du cabanon, j'ai vu Toxic le Ravageur. Je n'avais pas saisi la perche, trop préoccupé par la verdâtre texture de sauce potagère qui m'abrillait, mais pour une raison quelconque j'avais eu la présence d'esprit de ramasser la jambe d'une poupée que mon fils avait lancé dans la piscine plus tôt cette année. Monkee est pré-ado et il commence les expérience débiles et inexplicables de cette maladie qu'est l'adolescence. Comme cette expérience d'arracher la jambe d'une poupée tombée en disgrâce de sa soeur, et la faire flotter sur un bloc de glace pour voir combien de temps elle tiendra avant de se ramasser dans l'eau. Bien entendu, Monkee trouvait ça très cool mon nouveau look, là où sa soeur criait au loup.
"Tu peux tu venir à l'école demain de même 'pa? mon prof d'anglais va faire dans ses culottes!"

"J'ai pas choisi d'avoir l'air de ça Monkee!!! Bwaâââ c'que je pues!" ai-je constaté du même souffle impur.
Honnêtement je ne savais plus trop quoi faire. J'étais trop dégueulasse pour retourner dans la maison. Avec l'aide de Monkee j'ai fais du barbecue pour les faire manger mais j'ai failli prendre en feu à cause du vent et de ma toxicité à proximité du propane. C'était soir où la belle finit de travailler plus tard, soir de presque monoparentalité, on a fait les devoirs dehors, au vent, courant après le feuilles qui fuyaient. Punkee de la cuisine car elle était trop terrorisée par l'homme des marais aux bulbes de yeux blancs.
C'était soir de vidanges et je devais apporter pas mal de stock au chemin. J'ai retardé le processus car ça débordait et avec ce vent à décapiter les épouvantails, mes vidanges auraient fait le tour du quartier. Et dans l'état que je me retrouvais, j'étais moi-même une vidange ambulante, si ils me ramassaient!
Quand je l'ai fait, j'ai bien vu que j'effrayais le voisinage. J'avais gardé la cuisse de poupée (verte aussi mais reconnaissable) dans une de mes mains et j'ai bien vu que l'on m'a pris pour un boucher d'enfants. Une rafale de vent a propulsé le capot de l'une de mes poubelles en plein sur mon visage ce qui a semblé raisonné du même coup cet homme qui s'approchait de moi lentement avec une barre de métal.
En plus du vert, j'avais du pourpre à la joue.
Quand la belle est revenue du travail, après un moment de recul,  elle a explosé de rire, en a pleuré même en me voyant assis sur la parterre derrière autour de la piscine. Ce fût assez. J'ai pris ma voiture et me suis rendu au premier coiffeur avec "salon de beauté" intégré. Chez Coco Laprune. Ils n'étaient pas équipé pour traiter des cas extrèmes du genre.
C'est à la quincaillerie avec une drille à niveler la céramique que l'on a fait partir le vert de sur ma peau. Elle est maintenant mauve.  
La belle m'a dit qu'elle à trouvé Billybob Brunswick au téléphone parlant de l'avenir des Canadiens depuis peut-être cinq heures ou six heures. Par courtoisie, elle a validé son monlogue de quelques "oui", "hahan" et "Ouin" avant de raccrocher poliment. Il n'a jamais remarqué quoi que ce soit. Il s'écoutait parler en mode Richard Martineau.
J'ai besoin d'un mouleur ou d'un sculpteur pour mes cheveux en...en je ne sais trop quoi...