Descartes est le blog d'un proche (membre ?) du PC, qui suit donc de près le Front de gauche, côté PC.
Il relate dans son dernier billet un rassemblement du Front de gauche, consacré à l'Europe.
C'est cruellement précis.
Extraits :
en écoutant cette superposition de discours j'ai vu avec horreur le Front de Gauche reprendre les vieux arguments des partisans du traité de Maastricht: "l'Europe est absolument indispensable", "ceux qui ne veulent pas l'Euro sont pour un repli nationaliste et xénophobe" et ainsi de suite. En fait, les organisations qui composent le Front de Gauche ont fait leur le discours des fédéralistes européens: il n'y a pas d'avenir en dehors de l'Europe, les nations sont des structures dépassées (et accessoirement colonialistes, racistes, xénophobes...), les problèmes du XXIème siècle ne peuvent être traités qu'au niveau européen, etc.
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Mais le discours fédéraliste du Front de Gauche est superficiel et contradictoire. Prenons un premier exemple, celui qui concerne la souverainété. Où réside la souveraineté ? Si l'on écoute Christian Piquet, elle pourrait résider dans le "peuple européen", puisqu'il appelle - et ce n'est pas la première fois - à l'élection d'une assemblée constituante européenne. Mais lorsqu'on entend Jean-Luc Mélenchon, on a l'impression au contraire que la souveraineté réside dans le "peuple français". Or, ces deux positions sont incompatibles: la souveraineté est par essence indivisible, elle ne peut se partager. Et deux souverains ne peuvent coexister dans le même domaine.
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deuxième exemple. Jean-Luc Mélenchon se propose, s'il devait demain conduire le pays, de "ne pas appliquer le traité de Lisbonne". Or, pour qu'un traité régulièrement ratifié ne s'applique pas, il faut le dénoncer. Autrement, n'importe quelle personne physique ou morale pourra obtenir des tribunaux que le traité en question soit appliqué. Une loi ne suffit pas a priver un texte d'effet, puisque la constitution indique que les traités régulièrement ratifiés sont supérieurs aux lois, même postérieures. Et dénoncer le traité, cela revient, en droit, à sortir de l'Union Européenne et de l'Euro. Car on ne peut pas unilatéralement revenir en arrière et retablir le traité de Maastricht que le traité de Lisbonne a remplacé. Comment concilier cette position avec les discours des autres intervenants condamnant toute sortie de l'Euro comme une politique "démagogique et ethniciste" ?
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le discours fédéraliste du Front de Gauche est [aussi] superficiel et contradictoire[, c'est bien pour cela]. Il n'est pas le résultat d'une prise de position consciente après un débat interne et un vote. Il est le résultat d'une politique de chien crevé au fil de l'eau, et ce qui est encore plus grave, d'une aliénation à la position du Front National. Si Marine dit "blanc", il faut dire "noir". Le Front de Gauche n'a jamais été aussi véhément dans sa défense de l'Euro que depuis que Marine a dit qu'il faut le quitter.
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L'intervention de Jean-Luc Mélenchon en particulier était techniquement excellente. Mais le meilleur tribun du monde ne peut pas aller très loin avec un discours aussi indigent. Pire: en choisissant par défaut la position fédéraliste, le Front de Gauche prend clairement position pour les classes moyennes, qui sont les grandes gagnantes de la construction européenne et de l'Euro, contre les couches populaires qui en sont les grandes perdantes. Il y a peut-être de bons arguments pour garder l'Euro, mais "c'est l'Euro ou la xénophobie" n'est pas l'un d'eux.
La fin, pitoyable :
l'image qui résume peut-être le mieux ce meeting est sa fin: à la sortie, deux jeunes militantes faisant une "collecte au drapeau"... sur un drapeau européen. Si l'on m'avait dit qu'un jour on verrait ça...
Douze mois avant l'élection, le Front de gauche part perdant, avec un programme qui dit blanc et noir à la fois. Je soupçonne que le NPA sera dans la même position pour la même raison : si Marine dit blanc, il faut dire noir.
Interdits par le FN de taper violemment sur l'Union européenne, cause de la crise actuelle, les partis de la gauche de gauche sont voués à l'échec ab initio.
Comme quoi pour les partis dits de gouvernement, si le FN n'existait pas il faudrait l'inventer...