Communiqué de presse commun au RAC, Greenpeace, WECF, HESPUL, Agir pour l’environnement, les Amis de la Terre, le CLER et le Réseau “Sortir du nucléaire”
Paris, le 3 mai 2011 – En déplacement à la centrale de Gravelines, le Président de la République a rappelé dans un discours devant les salariés de la centrale
qu’il n’avait pas été élu pour remettre en cause le parc nucléaire français et que ce dernier ne le serait pas. Il s’est par ailleurs élevé contre « le
manque de sang-froid de tant d’observateurs qui ne connaissent rien au nucléaire ». Précisant son idée émise hier au cours d’un déjeuner avec les ONG du
Grenelle de l’environnement, il a néanmoins proposé d’organiser « une sorte d’acte II du Grenelle sur la sobriété énergétique », mentionnant que « sur
ce sujet, on peut rassembler tout le monde : que vous soyez pour ou contre le nucléaire, cette question se pose ».
Les organisations signataires de ce communiqué refusent de participer à cette initiative du Président de la République.
Proposer un acte II du Grenelle sur la sobriété énergétique élude la question cruciale de la production et donc, du nucléaire. Et comment discuter d’économies
d’énergie sans questionner la problématique de la production de celle-ci et spécifiquement la production d’origine nucléaire, en contradiction avec la
maîtrise de l’énergie ?
Par ailleurs, le Grenelle de l’environnement a déjà traité de la question de la sobriété énergétique au sein du groupe de travail climat-énergie. A cette
occasion, des objectifs ont été adoptés, dans plusieurs secteurs, comme les transports ou l’habitat (réduction de la consommation d’énergie des bâtiments
existants de 38% en 2020). Mais les moyens concrets d’atteindre ces objectifs font aujourd’hui cruellement défaut, notamment au niveau réglementaire (pas
de seuils de performance des bâtiments, report de la taxe poids lourds, etc.), et même pire des décisions allant à l’encontre des objectifs ont été prises,
notamment dans le domaine routier.
Quant à la mesure phare en matière de sobriété énergétique, la contribution climat énergie, elle a tout simplement été abandonnée par le Gouvernement au
lendemain de sa défaite aux élections régionales, après avoir été réduite à une simple « taxe carbone », plus favorable au nucléaire.
Les ONG signataires sont demandeuses depuis longtemps d’un véritable débat sur la politique énergétique de la France, mais elles estiment que les conditions
d’un dialogue objectif, bien informé et apaisé sur la production, la consommation et la gouvernance en matière d’énergie ne sont pas réunies.
Au contraire, les contre-vérités prononcées par le Président de la République depuis le début de la catastrophe de Fukushima témoignent d’une volonté de
couper court au débat qui émerge au sein de la société française sur des sujets aussi fondamentaux que la possibilité de sortie progressive du nucléaire,
le prix de l’énergie, la sûreté nucléaire, etc.
Nous ne pouvons que nous réjouir qu’un débat spontané sur l’avenir de la politique énergétique française gagne en ampleur au sein de la société et nos ONG
comptent bien continuer à y participer pleinement et de manière démocratique.
À cet effet, nous nous mobiliserons toujours plus pour fournir à l’ensemble des parties prenantes et, à travers elles, à tous les citoyens, toutes les informations
disponibles et pertinentes sur les risques liés au nucléaire et aux énergies fossiles émergentes (gaz de schiste), ainsi que sur les enjeux énergétiques
et climatiques. Nous nous attacherons également à populariser les scénarios de transition énergétique vers une société centrée sur la sobriété, l’efficacité
et les renouvelables, et intégrant la sortie du nucléaire.
Nous entendons que l’énergie soit bien présente au cœur de la campagne des élections présidentielles et législatives de 2012, et ferons tout pour que, à
l’issue d’un véritable débat devant le peuple français, toutes les décisions qui s’imposent pour orienter enfin notre société vers un modèle peu consommateur
en énergie et réellement profitable, à la fois du point de vue environnemental, sanitaire, économique et social, puissent être prises rapidement.
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Réseau “Sortir du nucléaire” :