Est-ce la même chose sur le web ?
Les élèves sont souvent surpris d'apprendre que TF1, NRJ ou skyrock sont des entreprises: "mais m'sieur, on paye pas pour les regarder ou les écouter"...et là il y en a toujours d'autres
qui répondent: "mais si, c'est la redevance...". Ouh là ! ^^
Alors, il faut recadrer un peu : la redevance ne sert qu'à financer les chaînes publiques (le groupe France Télévision)...
Mais alors d'où viennent les recettes des chaînes privées ? De la publicité en grande partie (en ce sens, l'ex-PDG avait cyniquement raison lorsqu'il déclarait que l'objectif de sa chaîne
était de faire en sorte que le cerveau des téléspectateurs soit disponible pour les espaces publicitaires^^).
Bon, mais alors, sur le web, comment cela fonctionne-t-il ?
Via le bilan TNS Media Intelligence, j'apprends que:
- les investissements publicitaires, tout médias confondus représentent 23 milliards d'euros. Ils sont en hausse de 6.2 % en 2007 (contre + 10.7 % en 2006).
- Les trois entreprises qui ont le plus investi sont dans les médias sont dans l'ordre: Renault, SFR et Orange (les deux dernières ont fortement progressé car elles n'étaient que
8ème et 6ème en 2006)
- le classement selon la part des médias est le suivant:
1) la presse: 7.2 mds d'euros (soit plus de 30 % du total). La presse gratuite représente une manne publicitaire importante. Pour
autant, l'augmentation de ces investissements est faible (+ 2.3 %)
2) la télévision: 6.7 mds d'euros (environ 30 % du total), mais avec une croissance plus forte (+ 6.5 % en 2007)
3 ) la radio: 3.3 mds d'euros (soit 14 % du total) mais avec une baisse en 2007 (-1.1 %).
4) internet: 2.7 mds d'euros (soit 12 % du total), ce qui est 2.5 fois plus faible que les investissements dans la presse. Par
contre, il y a une hausse de 34.5 % en 2007. De plus, ce classement ne prend pas en compte les liens
5) l'affichage: 2.6 mds d'euros
6) le cinéma: 2.3 mds d'euros
- les principaux annonceurs sur le web sont:
1) les opérateurs de télécoms (463 millions d'euros, soit 16.7 % du total des
investissements publicitaires sur le web)
2) les entreprises liées au tourisme (311millions d'euros, soit 11.2 % du total)
3) les banques (305 millions en forte hausse par rapport à 2006: + 53 %)
Via Internet Actu, on découvre un peu mieux quelques précisions sur le fonctionnement de la publicité sur le web (selon une étude américaine d'AOL):
- 99 % des utilisateurs ne cliquent pas sur les publicités.
Conséquence, la grande majorité des clics sur les bannières publicitaires provient d'un infime pourcentage d'internautes (mais qui peuvent représenter évidemment un nombre conséquent).
Or, le taux de clic reste encore l'indicateur qui mesure l'impact d'une campagne publicitaire.
- Qui sont les cliqueurs ?
Vous allez être surpris: c'est la ménagère de moins de 50 ans ! Une femme, avec des revenus modestes, moins diplômée que la moyenne, un public qui aime le publipostage, les télévendeurs, le télé-achat...
C'est surprenant car jusqu'à présent, on pensait que les internautes qui cliquaient sur les publicités le faisaient parce qu'ils ne pensaient pas que c'était une publicité
ou parce qu'ils croyaient qu'ils allaient gagner quelque chose. En réalité, ils le font en toute connaissance de cause...
- Quels enseignements tirer de ces informations ?
D'un point de vue économique, on comprend pourquoi les investissements publicitaires connaissent une telle croissance: les annonceurs ont compris qu'un marché à fort potentiel est en
train d'émerger.
Imaginez ce que cela peut signifier si les chaînes publiques de télévision françaises ferment leur espace publicitaire (soit environ 850 millions d'euros qui doivent trouver d'autres supports,
presse, télévision et bien sûr le web).
Ceci dit, il n'est pas non plus certain qu'investir massivement sur le web soit autant rentable que cela: trop de publicité tue la publicité. De nombreux logiciels ou services
gratuits permettent de se passer des nombreux messages publicitaires (personnellement, sous firefox, je n'ai aucune publicité avec cette extension)
D'un point de vue social, on peut se poser des questions sur le fait que le marketing touche essentiellement ceux qui ont le plus de difficultés économiques et sociales.
Cette question se pose également à propos des publicités pour les enfants quand on sait que la montée de l'obésité chez les enfants de milieux défavorisés qui est, en % beaucoup plus importante
que chez les autres (voir cette enquête du CREDOC)
D'autre part, la crise de sub-primes aux Etats-Unis a montré les dangers de vendre de l'immobilier à des consommateurs qui n'étaient guère solvables...
Via Le Monde, j'apprends que
(édition du 1er février)
- Google connaît une hausse de ses ventes explosives pour le 4ème trimestre 2007 (+ 50 % par rapport au 4ème trimestre de 2006). "M'sieur, Google, c'est gratuit, y vend rien,
on paye pas ^^..." Alors où Google trouve-t-il ses recettes ?
1) Google vend aux entreprises qui veulent investir des mots-clés. Evidemment, la valeur du mot-clé va dépendre de son degré d'utilisation par les
internautes (plus le mot clé est utilisé, plus il est cher)
2) Vous allez sur Google (90 % de part de marché des moteurs de recherche) pour faire innocemment une recherche sur l'élevage des escargots
nains en milieu acide ^^
3) Vous tapez vos mots-clés. Google donne les résultats, regardez en haut à droite, vous verrez que certains sites sont mis en valeur, ils ont
un lien avec votre recherche, c'est donc parfaitement ciblé et personnalisé !
4) les entreprises ne payeront Google que si vous cliquez sur ces liens, c'est donc d'une grande efficacité pour les
annonceurs...
Pour aller plus loin: cet article sur le projet de rachat de Yahoo par Microsoft
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