Photo : Blandine Lejeune
Figure majeure de notre patrimoine et vrai Caractère de La Bruyère, tantôt fustigée et tantôt célébrée, dans tous les cas objet de
convoitises, la Parisienne, tel le bobo, n’en finit pas de faire couler l’encre. Une
exposition lui est présentement consacrée aux Galeries Lafayette, prétexte à pipeleter.
Ni déballage de chair ni string qui dépasse, le cheveu savamment décoiffé, la touche de maquillage idoine
sans Botox ni bling-bling, la Parisienne est toujours au top. Ce n’est pas nous qui le disons : l’élégance à la française est une évidence internationalement proclamée. La Parisienne ne se gêne pas
pour relooker son mec, des fois qu’elle l’aurait connu en marcel et en chaussures pointues. Elle fait de ses enfants des fashion victims dès le bac à sable. Quant à son intérieur, chaque
détail en est chiadé à mort, de l'applique murale jusqu’au coquetier. La déco, ça la connaît : plus au courant que Wikipédia, elle chine ses meubles à la Croix Rouge et rougirait
d'être vue chez Ikea. Si son mec est bricoleur, c’est l'idéal : rien de plus chic que le fait-maison.
La Parisienne est au régime depuis l'aube des Temps. Ça ne l'empêche pas d'être plus portée sur la bouteille
que sur le sport en salle. Toutes les occasions lui sont bonnes de se taper un p’tit verre en se grillant une Marlboro light. Autre boisson fétiche : le p'tit noir ( tout est p'tit avec elle ) qu’elle boira sur le zinc en feuilletant le Parisien, son i-Phone 4 à la main.
Côté mondain, la Parisienne, femme accomplie, parlera du prix du mètre carré dans les dîners en ville, ceux
qui rassemblent les genres et les réseaux à grand renfort de cartes de visite (avocats, écrivains, comédiens, call girls, docteurs ès squelettes de Pygmées). Elle se vantera de sa dernière
acquisition-vente-presse à la faveur d’une girly party strictement interdite aux maris,
définitivement relégués aux couches-culottes et aux poussettes.
Plus généralement, cet être survolté a le sens de la « nigth » et du loisir éthylique,
un goût prononcé pour le name-dropping et les virées du week-end. Fondue de musique et djette à ses heures, elle passe derrière les platines dès que l’occasion se
présente, même le jour de son mariage, puisqu’un mariage est aujourd'hui de bon ton (moins vulgaire que le Pacs).
Ses traits de caractères ne sont un secret pour personne : égoïste, contestataire, râleuse,
resquilleuse, la Parisienne, malgré une éducation au cordeau et des écoles privées hors de prix, dit à peine bonjour et n’arrive jamais avant dix heures du soir à un dîner. Elle a toujours trop
froid ou trop chaud. Elle déteste le dimanche et encore plus le lundi. Elle vomit la baguette trop cuite, le métro aux heures de pointe, les escalators en panne. Elle prend les sens interdits en
Vélib ( qu’elle rendra à la 29e minute, la première demi-heure étant gratuite ), elle remonte la queue du cinéma, elle se bourre dans les cocktails. À la moindre anicroche elle vous engueule.
C'est par-dessus tout une emmerdeuse. Faut dire qu'elle a de qui tenir. Louise Michel, Simone de Beauvoir, Isabelle Thomas, Yvette Roudy, Ségolène Royal, Catherine Deneuve sont ses modèles, dont
la liste n'est pas close.
La Parisienne Du 1er avril au 4 juin 2011 aux Galeries Lafayette du mardi au samedi de 11h à 19h ( entrée libre )