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Démarche intéressante que celle d'Alexandre Navarro sur son troisième album, Loka, le deuxième sur sa propre structure SEM Label. Ce guitariste et bidouilleur proche des sphères ambient tend à une épure, une simplicité et une évidence qui dénote d'avec la plupart de ses frères de milieu.
Trois ans après le superbe Arcane, qui lui avait valu une nomination aux très pointus Quartz Awards, quelques temps après des EP dévoilant des penchants plus abstraits (Desert EP, Black Bird), Navarro nous revient avec un disque étrangement court et limpide. Principalement centré sur la guitare, pleine de delay, rappelant les plus belles heures de Robin Guthrie (ex-âme des Cocteau Twins), Loka refuse net l'idée largement répandue selon laquelle un disque d'ambient se doit d'être long, tortueux, répétitif et conceptuel. Il y au contraire une fluidité, un quelque chose même de racé, évident, qui le rend immédiatement attachant.
Geodub, comme ouverture de l'album, pose d'emblée cartes sur table avec un morceau d'une beauté édifiante : rythme electronica old-school, basse obsédante, motif de guitare en tout point parfait. Ici le plaisir de l'auditeur n'est pas une quête, il se donne tout de suite, sans latence ou ajournement ; pas question de perdre son temps : Loka ne dure que 35 minutes mais aucune n'est perdue – l'immersion est rapide et sans respiration.
Rapide aussi, notre critique, faisons comme Navarro et évitons les détours, les digressions. Loka tient la rêverie pour une chose moins nébuleuse et mystique qu'il n'y paraît. Les clés sont simples et lisibles : quelques rythmiques légères, des ambiances pénétrantes, les mélodies splendides d'une guitare fil rouge. Besoin de rien de plus, d'aucune complication pour que le ravissement soit total, que l'emportement atmosphérique soit complet. 7,5/10.
Alexandre Navarro - Geodub from SEM label on Vimeo.