Les Semianyki, c'est un peu la Famille Addams version ex URSS. Au coeur d'un univers constitué de bric et de broc, Un père alcoolique, une mère enceinte jusqu'aux dents, et quatre rejetons passant leur temps à se chamailler nous proposent différents tableaux clownesques sans parole, avec pour fil conducteur la journée de tout ce petit monde.
Commençons par saluer la création de personnages forts, détraqués, hauts en couleurs, magnifiquement maîtrisés par leurs interprètes, dont l'égoïsme, la cruauté, et l'inventivité se révèlent jouissifs pour le spectateur régulièrement pris à parti (pour ne pas dire pris comme tête de turc) durant le spectacle. Ajoutons qu'à un humour parfois corrosif, les Semianiky apportent une poésie teintée d'une certaine mélancolie qui nous embarque dans un ailleurs riche et intéressant.
Reste que les tableaux ne possèdent malheureusement pas tous une efficacité suffisante pour faire de ce spectacle un petit bijou de l'art clownesque. Bien sûr vous trouverez quelques pépites, mais si l'on sourit beaucoup, on rit franchement plus rarement, et l'ensemble peine à trouver un rythme de croisière. Les temps morts sont en effet fréquents (le démarrage est laborieux) et les situations, par ailleurs bien trouvées, ne sont pas toujours poussées au bout de ce qu'elles pourraient donner. C'est Dommage.
Le spectacle est cependant de belle facture et les artistes à découvrir. Vous ne passerez pas un mauvais moment, loin de là.
A voir.
Jusqu'au 2 juillet au Rond-Point, avant de prolonger au Déjazet.
Photo : Philippe Delacroix