Hier dans la soirée, les premiers activistes de Greenpeace ayant participé au blocage du chantier EPR de Flamanville sont sortis de garde à vue. Avec un bilan inquiétant : au moins quatre d’entre eux ont subi des violences de la part des forces de l’ordre au moment où ils ont été délogés : un militant a reçu deux décharges de Taser, trois autres ont été frappés et portent des stigmates (œil au beurre noir, dent ébréchée). Greenpeace condamne ses violences perpétrées sur des militants non-violents et demande aux autorités de s’expliquer.
Hier soir, pourtant, la gendarmerie déclarait à l’AFP : « l’évacuation s’est déroulée sans incident ».
« Cette situation reflète la philosophie du gouvernement français et d’EDF après Fukushima : empêcher l’information et la contestation du choix nucléaire en France en intimidant ceux qui oseraient se mettre sur le chemin de l’atome, déclare Sophia Majnoni, en charge de la campagne Nucléaire pour Greenpeace.
Greenpeace est une organisation non-violente qui a toujours manifesté son désaccord avec autant de détermination que de pacifisme. Nos militants pratiquent avec beaucoup de sang froid la résistance passive, toujours dans le plus grand respect des forces de l’ordre, dont nous sommes en droit d’attendre le même égard. Si les autorités et l’industrie nucléaire pensent qu’ils feront taire ceux qui contestent le nucléaire et se mobilisent pour faire avancer le débat en les maltraitant, ils se trompent. »
Suite à l’action de blocage d’hier, 42 personnes ont été placées en garde à vue. 26 ont déjà été libérées et sont convoquées le 16 juin pour audience au tribunal correctionnel de Cherbourg où ils comparaîtront pour entrave à l’exercice de la liberté du travail et opposition à l’exécution de travaux publics.
Mais pour les militants qui se trouvaient dans les grues du chantier, la garde à vue continue et ils seront présentés à 11h30 au procureur de la République de Cherbourg. Pour eux, il y a un chef d’accusation supplémentaire : mise en danger de la vie d’autrui ! De qui se moque-t-on ?
Nicolas Sarkozy à Gravelines aujourd’hui, l’État montre les dents à Greenpeace
Dans la journée, le président de la République Nicolas Sarkozy doit se rendre dans la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), pour affirmer une nouvelle fois son dévouement aveugle à la filière nucléaire. Est-ce par crainte d’une action de Greenpeace que des violences ont été perpétrées à Flamanville hier sur les militants et que les grimpeurs sont encore gardés en captivité ?
« Ces violences montrent une nouvelle fois qu’en France, le fait de s’opposer au nucléaire n’est pas toléré, reprend Sophia Majnoni. C’est en tout cas une façon intéressante de lancer le fameux Grenelle de l’efficacité énergétique proposé hier par le Président… »
Le choix de la centrale de Gravelines est lourd de sens. C’est la centrale qui présente le plus de similitudes avec celle de Fukushima : la seule en France à cumuler 6 réacteurs comme la centrale japonaise et à utiliser du Mox, à être située comme elle en bord de mer, dans une zone industrielle relativement dense, à proximité d’une petite vingtaine de sites classés Seveso…
« Nicolas Sarkozy pouvait-il trouver meilleur point de chute pour réaffirmer que la tragédie japonaise n’est pas un accident nucléaire mais une simple résultat d’une catastrophe naturelle et que la France, à l’abri d’un tsunami serait donc protégée de tout risque nucléaire ?, commente Sophia Majnoni. La réalité est que la catastrophe de Fukushima est le résultat du choix du nucléaire. Le nucléaire sûr n’existe pas, il serait temps que les dirigeants français l’acceptent. »
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Greenpeace France :
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