A quelques jours de sa remise en service effective et au lendemain de la visite inaugurale du nouveau préfet, le centre de rétention administrative de Bordeaux nous a ouvert ses portes.
Plus de barreaux aux fenêtres, des espaces de vie plus vastes, des couleurs vives, une cour centrale qui permet de voir la lumière du jour, une technologie ultra moderne et du mobilier contemporain, le nouveau centre de rétention administrative de Bordeaux (CRA) veut faire bonne figure. L’idée clairement affichée étant bel et bien de rompre avec le sentiment d’enfermement et d’isolement. «Les CRA sont souvent présentés comme des lieux sans humanité, assez sordides où la dignité n’est pas respectée, ce qui n’est pas le cas», assure Denis Pajaud, directeur zonale de la police aux frontières, chargée désormais de gérer ces structures sur le territoire national. Très controversés, les CRA comme celui de Bordeaux ont pour vocation de recevoir les étrangers qui n’ont pas le droit de séjourner sur le territoire français et sont sous le coup d’une interdiction de territoire ou d’une procédure d’éloignement mais aussi ceux qui sont en attente d’une régularisation de leur situation. «Le CRA n’est pas un centre de détention, les retenus ont la liberté d’aller et venir à l’intérieur du centre mais ne peuvent pas en sortir», souligne Denis Pajaud. La durée maximale de rétention est pour l’heure de 32 jours mais un projet de loi envisage de la prolonger à 45 jours. «En moyenne, les retenus restent 10 à 12 jours dans un CRA».
Une capacité d’accueil réduite
Et pour rendre le séjour «moins pénible», le CRA de Bordeaux, fermé depuis le 20 janvier 2009 suite à un incendie criminel, a fait l’objet d’une réhabilitation complète (1,7 M€). Première évolution notable du nouveau CRA toujours situé au sous-sol du commissariat central, sa capacité d’accueil. Elle a été revue, passant de 24 à 20 retenus, et le centre est désormais uniquement réservé aux hommes. Les femmes et les familles étant quant à elles transférées vers les CRA de Toulouse (126 places) ou Hendaye (31 places). Le centre a également bénéficié d’une extension de 100 m2 (450m2 au total) permettant de réagencer l’espace. Articulées autour d’une cour centrale, les deux ailes du CRA abritent désormais 5 chambres de 4 personnes dont une pouvant servir d’isolement, des espaces sanitaires, une salle de détente avec télévision, une blanchisserie et une salle de restauration. «Chaque retenu a droit a 12 m2 entre la chambre et les espaces de vie et tout le mobilier a été conçu pour que les personnes ne puissent pas attenter à leur jour, se blesser ou blesser quelqu’un». Des locaux spécifiques ont également été créés pour les avocats, les consuls, les visiteurs extérieurs et les partenaires institutionnels que sont l’office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) ou la Cimade. Une unité médicale composée d’un médecin présent 3 demi-journées par semaine et d’une infirmière sur place chaque jour, a aussi été installée. L’ensemble du CRA est placé sous système de videosurveillance (28 caméras) contrôlé par le chef de poste. Enfin, une unité de garde et d’escorte composée de 2 groupes de 10 fonctionnaires et 6 adjoints de sécurité permet d’assurer la gestion du centre.•
Stella Dubourg