C’est lors d’une réception célébrant l’anniversaire de Häkan Von Enke, ex-commandant dans la marine suédoise, maintenant à la retraite que ce dernier fait quelques confidences à Wallander, de vieilles histoires de près de trente ans, de sous-marins étrangers dans les eaux territoriales suédoises. Notre fin limier suédois découvre que la guerre froide est encore une réalité. « Tout avait commencé là. L’histoire sur les dessous de la politique, le voyage en eaux troubles, où vérité et mensonge changeaient de place et où il serait bientôt plus possible d’atteindre la moindre clarté.» Quelques mois plus tard, Häkan Von Enke et sa femme Louise disparaîtront tour à tour sans laisser de trace.
Peuvent-ils avoir eu un secret qu’aucun de nous ne connaissait ?
Mankell nous présente ici son héros vieillissant : pour la première fois, je mesure mes limites et mon âge. Je ne l’avais encore jamais fait jusqu’à présent. Je n’ai plus quarante ans. Le temps perdu ne reviendra pas. Je dois m’y résigner. Je crois que c’est une illusion que je partage avec beaucoup de monde ; celle de croire qu’on peut, contre toute évidence, se baigner deux fois dans le même fleuve. Wallander ne voulait pas devenir un solitaire aigri, ni vieillir seul comme son père. Un homme vieillissant, inquiet de ce qui l’attendait au cours de la petite portion de vie qu’il lui restait à vivre.
On oublie ce dont on veut se souvenir et on se souvient de ce qu’on préférerait oublier…
Mankell encore et toujours d’une construction et une structure exemplaire, semble nous donner son dernier chef-d’œuvre de son très attachant inspecteur fétiche. Je termine avec une bribe de la postface : comme beaucoup d’écrivains, j’écris pour rendre le monde plus compréhensible, d’une certaine manière. De ce point de vue, la fiction est parfois supérieure au réalisme documentaire.