Sous la compétition et les exhibitions des stars sur tapis rouge, cette montée des marches devenue avec les années aussi prisée que les projections, cocktail unique de cinéphilie et de paillettes, Cannes, est avant tout un marché du film géant où l'on vend, on achète, on noue des partenariats, on présente des projets, on cherche des financements, car, soudain, durant 12 jours, des professionnels du cinéma du monde entier ont l'occasion de se voir, se parler, se connaître IRL. Créé en 1959, le Marché du film a débuté modestement avec une douzaine de participants négociant sur le toit du palais des festivals. 50 ans plus tard, il y a environ 10 000 inscrits et 4000 films et projets. Les lieux du marché du film se sont multpliés tout autour du palais des festivals : le village international Riviera, Lérins, le village international Pantiero. Depuis 2004, les court-métrages ont aussi leur marché, le Short film corner, où les producteurs et réalisateurs de court-métrages présentent leurs films. Les accréditations du short film corner donnent les mêmes avantages que celles du Marché du film.
Etant cette année titulaire d'une accréditation du Marché du film, je vais aborder le festival autrement par rapport aux années précédentes et j'ai été tentée de suivre un projet depuis sa conception jusqu'à sa finalisation. L'occasion m'en a été donnée avec la sélection cette année à Cannes du court-métrage "Ter Ter" de David Lucchini et Fabien Carrabin au Short film corner, projet que je suivais déjà dès la mise en ligne des premières images, un teaser ayant été largement diffusé sur les réseaux sociaux comme FB. Ce qui est intéressant dans la démarche de "Ter Ter" c'est qu'au moment où on va présenter le court-métrage à Cannes, sa version long-métrage est déjà écrite. Car, si j'ai bien compris, "Ter Ter", le court-métrage, écrit et réalisé en 2010, est l'adaptation du long-métrage qui n'est pas encore tourné mais dont le scénario a été écrit antérieurement par Ange Basterga, scénariste et acteur, qui tient aussi un des rôles principaux. Reste à trouver le financement du long-métrage, peut-être au Marché du film...
Le film :
Santu Paoli, jeune corse dont la famille a émigré dans une banlieue parisienne du 95 est devenu en grandissant un des aspirants caïds de la cité, animé de la volonté de se faire une place et un nom. Mais Santu (Ange Basterga), son frère Dume (Gray Orsatelli) et sa bande vont devoir affronter un flic aux méthodes limites, un dénommé Martinez (Thierry Neuvic). Portrait d'un gangster en devenir prêt à tout pour être le chef dans une univers complexe et violent où les méthodes des flics n'ont rien à envier à celles de voyous. Si ce casting fait penser à "Mafiosa 3", la fameuse série Canal+, c'est à juste raison, Thierry Neuvic et Gray Orsatelli, notamment, faisaient partie de la distribution.
Bien qu'Ange Basterga se réclame de l'influence de la grande époque des polars français, d'Henri Verneuil à José Giovanni, ou du cinéma de Jean-Pierre Melville, la référence absolue, l'Olympe des voyous, l'atmosphère du film, ce que j'ai pu en voir, fait penser un peu à "Un Prophète" de Jacques Audiard avec des accélérations action issues du cinéma contemporain américain et asiatique.