Le laboratoire Servier, qui pourrait avoir, in fine, à indemniser les victimes du Mediator, dispose d'une trésorerie de 2 milliards d'euros et n'a pas de dette, a-t-on appris auprès du groupe, confirmant une information des Echos, mardi 3 mai. Ce montant très important est dû au fait que le laboratoire n'a jamais versé de dividendes depuis sa création en 1954, explique le journa, en révélant quelques éléments financiers de Servier, que le groupe a ensuite confirmés. Le groupe, qui n'est pas coté en Bourse, n'a en effet aucune obligation de rendre publics ses comptes.
Le laboratoire est en train de constituer des provisions pour faire face aux plaintes liées au Mediator, ajoute le quotidien économique, alors que le gouvernement a annoncé la mise en place d'un fonds public d'indemnisation mais entend bien faire payer Servier en dernier ressort. Avec une telle trésorerie, en effet, Servier "ne pourra pas plaider l'insolvabilité", écrivent Les Echos, qui ajoutent que le groupe n'est pas endetté : "La crise du Mediator ne devrait donc pas contraindre Servier à céder ses actifs", conclut le quotidien. "Il n'a jamais été question de vendre Biogaran", la filiale de médicaments génériques du groupe, assure d'ailleurs un cadre de Servier aux Echos. Des rumeurs, au coeur de la crise du Mediator, avaient fait état de cette possibilité. "Le groupe n'a pas l'intention de céder un de ses actifs", a confirmé un porte-parole de Servier.
Servier, qui compte 20 000 salariés, dont les trois quarts à l'étranger, a engrangé un bénéfice net plus que doublé au cours de l'exercice clos le 30 septembre dernier, à 378 millions d'euros, contre 143 millions en 2009. Les ventes du laboratoire ont en effet progressé de 6 % l'an dernier, à 3,7 milliards d'euros. La France représente le premier marché de Servier, avec 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires, notamment grâce aux vente de génériques de Biogaran. A l'international, le chiffre d'affaires a progressé de 6,4 % à 2,7 milliards d'euros. Médicament destiné aux diabétiques en surpoids largement détourné comme coupe-faim, le Mediator aurait provoqué en trente-trois ans la mort de 500 à 2 000 personnes, avant d'être retiré du marché français en novembre 2009. Plusieurs centaines de plaintes ont été déposées à ce jour.