Jean-Luc Mélenchon : « Marine Le Pen est la chienne de garde du capital »
| 02.05.11 |
Que pensez-vous de la béatification du pape Jean Paul II et de la ferveur populaire qui l’accompagne ?
On a entendu Baroin dire que la France est la fille aînée de l’Eglise. C’est une absurdité, du folklore le plus médiocre, de l’histoire arrangée, de la récupération. Les catholiques n’ont pas demandé que le gouvernement aille faire l’intelligent et l’important à cette manifestation. Le principe de laïcité est simple : séparation entre l’Eglise et l’Etat.
En France la journée du 1er mai a été marquée par une nouvelle offensive de Marine Le Pen en direction de l’électorat populaire. N’est-ce pas inquiétant pour la gauche ?
Il y a toujours eu un socle d’ouvriers et d’employés qui votent à droite. En 1981, au moment où la gauche était au plus haut, 70 % de la classe ouvrière et des employés votaient pour le programme commun, 30 % votaient contre, contre la retraite à 60 ans, contre la 5e semaine de congés payés. C’étaient des gens en opposition absolue aux communistes et aux socialistes.
C’est cette base que Marine Le Pen a récupérée parce que Nicolas Sarkozy a ouvert les vannes entre la droite et l’extrême droite. Chaque fois qu’il y a crise du capitalisme, les partis traditionnels de la droite, croyant au libéralisme, s’étonnent que les gens n’en veuillent pas. Le rôle de l’extrême droite est d’être là pour récupérer les déçus et les ramener à la niche. Marine Le Pen joue le rôle de chienne de garde du capital.
Mais quand elle dénonce violemment le libéralisme, elle vient sur votre terrain.
Qu’est-ce que vous voulez démontrer ? Nous allons passer toute l’émission à expliquer que je suis différent de Marine Le Pen ? Il ne faut pas se contenter de dénoncer l’ultralibéralisme comme le fait Marine Le Pen. Il faut aller à la source du partage des richesses. Ce n’est pas l’immigré le problème, c’est le banquier, le financier. La préférence nationale n’a aucun sens et ne correspond à rien d’organisable. Ce qu’il faut, c’est partager les richesses de gré ou de force. La bataille s’est toujours jouée entre la gauche ouvrière et syndicale, la gauche communiste et de combat et l’extrême droite. Sur le terrain, Il n’y a que nous pour mener cette bataille.
Que voulez-vous dire ?
Les sociaux-libéraux sont pleins de compassion et d’affection pour la classe ouvrière, mais leur politique n’y répond en aucune manière. Eux disent qu’on ne peut pas faire autre chose que le pacte de stabilité européen, que la politique d’austérité… attention les déficits. Vous avez entendu Hollande, Strauss-Kahn et les autres ? Ils ne sont pas en état de répondre aux revendications ouvrières qui sont : « Augmentez notre salaire, faites disparaître la précarité. »
Nous, nous disons : les 800 000 précaires des trois fonctions publiques doivent être titularisés. On ne doit plus permettre aux entreprises, les entreprises de presse incluses, d’embaucher un nombre aussi considérable de précaires Quant aux écarts de salaires, ils doivent être réduits de 1 à 20 dans l’entreprise.
Si DSK devient le candidat des socialistes, que ferez-vous ?
Même si j’allais sur un plateau de télévision et que j’expliquais : « Allez, faut voter DSK », les gens diraient : « Tu racontes ce que tu veux, on le fera pas. » Les socialistes passent leur temps à dire : « Ne vous inquiétez pas, tout ça est réglé, Mélenchon reviendra à la maison quand il faut. » Ils me prennent pour un Vert ! Nous n’avons discuté de rien du tout.
Jean-Luc Mélenchonest député européen et coprésident du Parti de gauche.
Propos recueillis par Jean-François Achilli, Jean-Jérôme Bertolus et Françoise Fressoz (« Dimanche soir politique ») vus ici.
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