Écrit par Mutations
Comment appréciez-vous la relation actuelle de la presse écrite et le marché publicitaire au Cameroun ?
La presse écrite a toujours été un véhicule, un moyen de diffusion de la publicité. Comme disait Michèle Cotta ( ancienne présidente du conseil supérieur de l’audiovisuel-Csa- en France ndlr) « la publicité est la manne céleste des médias, sans laquelle les médias s’étiolent et meurent ». La publicité fait donc vivre
la presse. Sans les médias, la publicité aurait du mal à atteindre les différents publics qu’elle cible. C’est ainsi une relation gagnant-gagnant.
Mais le chemin de la publicité vers les médias n’obéit pas toujours à une logique. On préfère communiquer suivant les affinités avec tel ou tel support…
Les réalités du Cameroun sont celles du Cameroun. Mais en toute logique, la publicité ne fait pas de l’aumône à la presse écrite. Puisqu’elle cherche le média précis qui lui permet d’atteindre une cible précise. Le média planner de l’agence de publicité choisit un média sur la base des études d’audience. Cependant, certains journalistes sont malheureusement les premiers à courir vers les chefs d’entreprise pour leur proposer des espaces publicitaires. Un fait proscrit par loi. Quant à la crédibilité des études d’audience, elle repose sur des canons scientifiques de la médiamétrie (étude de l’audience des médias).
Pensez-vous que les régies publicitaires intégrées telle que celle de la Sopecam soient une solution ?
Je donnerai un réponse mitigée. Toutefois avec une régie publicitaire intégrée, on a tout au moins la garantie qu’on aura pas une grande distraction de fonds. Puisqu’un personnel est affecté à ce service d’un support donné. Plusieurs personnes se mettent ensemble pour apporter des ressources financières à un support.
Le coût actuel -350 000Fcfa pour une page-des insertions publicitaires en presse écrite est-il un obstacle pour les entreprises qui souhaitent communiquer par voie de presse ?
Ce prix est plutôt donné. Les coûts d’une insertion publicitaire découlent d’un ensemble de calculs menés par les chefs d’entreprise de presse. Ils sont fixés suivant les coûts de productions, les taxes etc. c’est suivant cette base qu’on fixe le prix de la publicité. Le rôle de la publicité dans ce cas est d’amortir les coûts de production. Encore que lesdits prix sont discutables. La presse écrite est un support parmi tant d’autres, notamment l’affichage et l’audiovisuel. Tout est fonction de la cible et l’objectif que l’entreprise souhaite atteindre. Il y a des publicités qui ne passent pas par la presse écrite parce que la cible n’est pas portée à la lecture quotidienne des journaux.
On constate néanmoins que les entreprises multinationales sont plus présentes en presse écrite que les petites et moyennes entreprises. Qu’est-ce qui pourrait expliquer l’absence des Pme et Pmi en presse écrite ?
Au-delà des multinationales, les entreprise de téléphonie mobile et les entreprises brassicoles ont en effet la culture de la publicité. Ce n’est pas toujours aux fins d’informer sur tel ou tel produit. Cela relève du souci pour une entreprise d’être présente. Les Pme et les Pmi ont d’autres considérations. Il y a beaucoup qui n’arrêtent pas un budget de communication. Elles communiquent généralement par à coups ; lors de la fête nationale, la coupe du monde par exemple. Si le marché publicitaire est malade, ce serait du fait des supports de presse écrite qui se démultiplient chaque jour.
Il y a des pays qui comptent des dizaines de journaux quotidiens où la publicité tient une place prépondérante…
En réalité, ce n’est pas le nombre de journaux qui fait problème. C’est plutôt leur qualité. La publicité est essentiellement esthétique. Si en tant que chef d’entreprise ou publicitaire, je n’ai pas l’assurance que le rendu de ma publicité sera soigné et attractif, ou qu’au contraire il ne va pas déteindre sur mon sur mon produit, je n’irai pas vers tel ou tel média. La publicité est de fait exigeante.